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Finances: les crédits impayés un grand risque pour les portefeuilles de la microfinance dans l'UMOA

novembre 15, 2024 0 25

Selon les données publiées cette semaine par la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), l’encours des créances en souffrance ou crédits impayés dans le secteur de la microfinance a bondi de 6,2 % au deuxième trimestre 2024.

Une fragilité du secteur face aux difficultés de remboursement des clients, qui a directement contribué à une détérioration du portefeuille de crédits.

Le taux brut de dégradation du portefeuille, indicateur clé de la qualité des actifs des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), s’est ainsi établi à 7,9 % au 30 juin, contre 7,6 % au trimestre précédent, soit une progression de 30 points de base. Avec un niveau de dégradation bien au-delà de la norme maximale de 3 % recommandée dans l’Union, cette situation fait craindre un essoufflement des SFD qui peinent de plus en plus à maintenir un équilibre entre l’expansion de leurs activités, la gestion des risques et des défis de gouvernance. 

Le secteur de la microfinance dans l’UMOA s’est pourtant montré dynamique, bien que modeste, au cours du dernier trimestre, avec une augmentation de l’encours des crédits de 1,7 %, qui a atteint  2561,2 milliards FCFA. En glissement annuel, la croissance des crédits est plus significative (environ 14 %), une réponse aux besoins de financement des populations exclues des circuits bancaires traditionnels.

Les dépôts suivent également une tendance haussière, avec une augmentation de 2,8 % par rapport au trimestre précédent pour atteindre 2416,7 milliards FCFA. Un dynamisme relatif qui confirme la confiance croissante des clients envers les SFD qui desservent aujourd’hui près de 19 millions de clients à travers 539 institutions de microfinance qui gèrent 4921 points de service répartis dans les huit pays de l’Union. Preuve de l’importance croissante des SFD pour l’inclusion financière.

Cependant, cette croissance est loin d’être uniforme. Le Sénégal, par exemple, affiche une dynamique positive avec une augmentation des crédits de 5,9 % et des dépôts de 3,1 %, des performances qui en font le marché leader de la région. En Côte d’Ivoire, la situation est plus stable avec une croissance modeste des dépôts de 2,6 % et des crédits de 0,5 %. Le Burkina Faso, malgré une hausse des dépôts de 3,8 %, enregistre un recul des crédits de 0,6 %, tandis que le Mali connaît une baisse plus marquée de 2,1 % pour les crédits.

Au Bénin, les dépôts et les crédits progressent chacun de 2,2 %, tandis qu’au Togo, les dépôts augmentent de 2,2 % et les crédits de 1,2 %. Au Niger, malgré une progression de 3 % des crédits, les dépôts n'augmentent que de 0,9 %, alors que la Guinée-Bissau reste à la traîne avec une contraction des crédits de 1,2 %.

Le rapport de la BCEAO souligne également que la microfinance reste un secteur largement dominé par les hommes avec 43,8 % des dépôts et 52,3 % des crédits octroyés, alors que les femmes ne représentent que 21,2 % des dépôts et 19 % des crédits. Les groupements communautaires, qui représentent une part importante des clients, confirment bien la popularité des structures de solidarité, particulièrement en zones rurales, mais révèlent aussi un potentiel sous-exploité pour élargir l’accès aux services financiers pour les femmes.

Du côté des dépôts, la situation est similaire : 55,4 % des fonds sont placés en dépôts à vue, preuve d’une préférence des clients pour la liquidité immédiate plutôt que pour les placements à terme. Avec un dépôt moyen de 127 746 FCFA et un crédit moyen de 133 925 FCFA par client, le profil des transactions souligne des besoins essentiellement orientés vers des financements de trésorerie au détriment des financements d’investissement à long terme, dans un contexte économique incertain et de taux d'intérêt élevés.  Si cette structure garantit une certaine souplesse aux clients, elle réduit néanmoins les ressources disponibles pour les SFD et freine ainsi leur capacité à engager des crédits de long terme, essentiels au développement de l’économie régionale.

agenceecofin

Last modified on vendredi, 15 novembre 2024 11:19

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