Selon les résultats quasi complets de la Commission électorale samedi, à plus de 99,5% du dépouillement à 14h GMT, l’ANC, parti historique, recueille 40,21% des voix, plongeant nettement sous la barre critique des 50%.
La plus grande formation d’opposition (Alliance démocratique, DA) rassemble 21,79% des suffrages exprimés. Le parti uMkhonto weSizwe (MK) de l’ex-président Jacob Zuma, né seulement quelques mois avant le scrutin, réalise une performance à 14,61%, tandis que les radicaux de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) restent à 9,48%.
Les résultats définitifs du scrutin le plus disputé de l’histoire démocratique du pays doivent être annoncés dimanche. Jusqu’à présent, l’ANC tout-puissant avait remporté chaque élection nationale avec une large majorité. Mais la désillusion des 62 millions de Sud-Africains a cette fois vaincu une loyauté longtemps infaillible envers le mouvement qui a libéré le pays du joug de l’apartheid.
Dans la deuxième puissance industrielle du continent, le chômage frappe un tiers de ceux en âge de travailler et plus particulièrement les jeunes. La pauvreté s’aggrave et les inégalités se creusent, tandis que la criminalité bat régulièrement ses propres records.
Au quotidien, les coupures répétées d’eau et d’électricité rappellent à quel point le rêve d’une nation dotée d’un accès pour tous à l’éducation, un logement et aux services de base, promise par l’ANC à la fin de l’apartheid, est encore hors de portée. Pire, la confiance s’est envolée à mesure qu’ont éclaté ces dernières années de multiples scandales de corruption impliquant des hauts dirigeants du parti et nourrissant les gros titres.
Appelés aux urnes mercredi, quelque 16 millions d’électeurs se sont déplacés, pour beaucoup avec une colère qui couvait depuis longtemps : l’ANC n’avait déjà rassemblé que 57% des suffrages exprimés aux dernières législatives de 2019, contre 70% en 2004. La participation s’établit pour l’instant à 58,6%, en baisse par rapport aux 66% lors du dernier scrutin.