Il a juré, "devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal", de défendre "l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l'unité africaine".
Dans une brève allocution après son serment, Bassirou Diomaye Faye s'est dit "conscient" que sa large victoire dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars exprimait "un profond désir de changement systémique". "Le Sénégal sous mon magistère sera un pays d'espérance, un pays apaisé avec une justice indépendante et une démocratie renforcée", a-t-il dit.
Bassirou Diomaye Faye préconise "plus de solidarité" entre pays africains "face aux défis sécuritaires.
"Sur le plan africain, l'ampleur des défis sécuritaires (...) nous oblige à plus de solidarité", a-t-il déclaré après sa prestation de serment. "Je réaffirme l'engagement du Sénégal à renforcer les efforts déployés pour la paix, la sécurité, la stabilité et l'intégration africaine", a-t-il ajouté.
Il promet un "changement systémique" à la tête de son pays, et "plus de souveraineté", en prêtant serment mardi à Diamniadio, près de Dakar.
Le président s'est dit "conscient" que sa victoire à la présidentielle du 24 mars exprime "un profond désir de changement systémique". Il a aussi dit entendre "clairement la voix des élites décomplexées qui disent haut et fort notre aspiration à plus de souveraineté, au développement et au bien-être".
Plusieurs chefs d'État, dont le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Gambien Adama Barrow, le Guinéen Mamadi Doumbouya et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo sont annoncés. Le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, le Premier ministre rwandais Edouard Ngirente et le président de l'organe tenant lieu de Parlement au Mali, Malick Diaw, sont attendus.
Haut fonctionnaire de l'administration des Impôts et domaines où il a fait la connaissance d'Ousmane Sonko, il a franchi discrètement les étapes dans l'ombre de ce dernier. Son avènement consacre la réussite du plan B de M. Sonko qui, arrivé troisième de la présidentielle en 2019 et disqualifié en 2024, l'a désigné comme son remplaçant.
Pendant trois ans, avec le parti Pastef créé en 2014 par de jeunes cadres du public et du privé et dissous depuis, ils ont croisé le fer avec le pouvoir, le président Sonko se démultipliant aux avant-postes, le secrétaire général Faye actif à l'organisation et la doctrine.
Ils sont sortis ensemble de plusieurs mois d'emprisonnement mi-mars, en pleine campagne, à la faveur d'une amnistie. Ils ont parcouru le pays ensemble, puis se sont partagé la tâche, drainant des foules en liesse derrière le slogan "Sonko mooy Diomaye, Diomaye mooy Sonko" ("Sonko c'est Diomaye, Diomaye c'est Sonko"). Pendant ce temps, son principal adversaire, Amadou Ba, candidat du pouvoir en place, faisait campagne en critiquant son inexpérience.
Souvent vêtu d'un boubou blanc traditionnel, de taille moyenne, portant un discret collie de barbe sur son visage juvénile, ce musulman pratiquant, père de quatre enfants, personnifie une nouvelle génération de politiciens.
Bassirou Diomaye Faye est né dans une famille d'agriculteurs humble et éduquée dans le village de Ndiaganiao, à 150 km à l'est de Dakar, au bout d'une route cahoteuse et sablonneuse. Là-bas, il n'y a ni centre de santé, ni route goudronnée. "Diomaye était un petit berger qui surveillait ses chèvres", se souvient Mor Sarr, l'un de ses meilleurs amis.
"Diomaye a toujours été très proche de sa maman, Khady Diouf, qu'il aidait pour les tâches ménagères" après l'école, témoigne Mor Sarr.
Admirateur de l'ancien président américain Barack Obama et du Sud-africain Nelson Mandela, fervent lecteur de livres de psychologie, il est aussi un "grand fan du Real Madrid et de (Zinedine) Zidane", l'ancien joueur de foot français, amateur d'arts martiaux et de natation, et fan de reggae, rapporte-t-il.
Ce petit-fils d'un tirailleur, grièvement blessé durant la bataille de Verdun (est de la France) pendant la Première Guerre mondiale, est "un bon garçon", "très soigneux dans sa manière de faire" et "sera un président connecté" aux réalités du pays, pense son oncle et homonyme, Diomaye Faye.
Bassirou Diomaye Faye a quitté Ndiaganiao pour étudier à Dakar, puis intégrer la prestigieuse Ecole nationale d'administration dans la capitale. Il a dit revenir régulièrement au village.