Dans la lettre ouverte ci-après, “Peacelink’’ demande à la CEDEAO de ne pas jouer le jeu des autres puissances. Pour le groupe, Une action militaire contre le Niger détournerait l’énergie de la lutte contre les terroristes.
LETTRE OUVERTE PAR PEACELINK, GROUPE ITALIEN POUR LA PAIX
NON A L’INTERVENTION ARMEE CEDEAO-ECOWAS AU NIGER !
RAPPELONS LES CONSEQUENCES POUR L’AFRIQUE DE LA GUERRE DE L’OTAN EN LIBYE ! TERRORISME, DÉSTABILISATION, PAUVRETÉ !
Les ultimatums rappellent les tragiques agressions militaires de l’Occident et de ses alliés. Nous demandons à la Cedeao de ne pas jouer le jeu des autres puissances.
1. Une intervention armée au Niger serait illégale au regard du droit international. En effet, le Niger n’a attaqué aucun Etat (l’article 51 de la Charte des Nations Unies ne peut donc pas être invoqué) et le coup d’Etat est une affaire interne au pays. Selon la Charte des Nations unies, les États membres doivent s’abstenir de recourir à la force et de menacer de recourir à la force. Une attaque contre le Niger constituerait donc une guerre d’agression.
2. Les conséquences de la guerre de l’OTAN en Libye ont également été très graves pour les pays africains. Ils ont provoqué ou alimenté la propagation du terrorisme et la prolifération des groupes criminels, et pas seulement en Afrique de l’Ouest. Les pays africains ne devraient pas s’associer à des opérations militaires catastrophiques. Rappelons les propos du Président de la Conférence épiscopale Burkina Faso - Niger, où il dit non à une "solution" militaire, non "au spectre de la guerre qui fait penser à une éventuelle "deuxième Libye", alors que les conséquences meurtrières de la déstabilisation de ce pays continuent de faire terriblement souffrir les populations du Sahel".
3. Le risque est réel que les terroristes djihadistes disséminés en Afrique de l’Ouest profitent d’une intervention armée pour se légitimer en tant que défenseurs de l’Islam.
4. Une action militaire contre le Niger détournerait l’énergie de la lutte contre les terroristes. L’opposition au Nigeria l’a bien rappelé au président du pays : "Combattez plutôt Boko Haram", le mouvement islamiste fondamentaliste qui a dévasté le nord du Nigeria et touche progressivement d’autres régions du pays.
5. Le véritable "ennemi" est la pauvreté, l’exploitation, la faim, qu’une guerre aggraverait en conduisant les budgets des États à augmenter les dépenses militaires.
6. Il faut respecter les citoyens d’Afrique de l’Ouest et les pays de la région qui ont dit non à l’interventionarmée ! Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry, mais aussi l’Algérie et le Tchad se sont prononcés contre l’escalade. Le Sénat nigérian a appelé à la voie diplomatique. Au Bénin, l’Alliance pour la patrie (groupe d’opposition) a demandé au gouvernement de ne pas entraîner le pays dans une guerre pour les intérêts stratégiques d’autrui. Ailleurs aussi, les populations sont inquiètes et affectées par les sanctions.
7. Les sanctions économiques, comme toujours, affe ctent les populations - en l’occurrence le Niger - et doivent être levées. Ce qui doit être abordé d’un point de vue économique, c’est plutôt le néocolonialisme qui a exploité ces régions riches en ressources mais très pauvres en raison de la domination des riches pays occidentaux, ce qui a conduit dans le passé à des actions honteuses et criminelles telles que l’assassinat du leader africain Sankara, avec la complicité de la France et des États-Unis.
Alessandro Marescotti
Président de PeaceLink
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