TRIBUNE DU CHEF DE L’ÉTAT, FAURE GNASSINGBE CO-SIGNÉE AVEC LE VICE-PRÉSIDENT DE LA BANQUE MONDIALE POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET CENTRALE A L’OCCASION DE LA TABLE RONDE DE LOMÉ SUR LES ENGRAIS ET LA SANTÉ DES SOLS EN AFRIQUE DE L’OUEST ET AU SAHEL
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En Afrique de l’Ouest, cultiver l’avenir passe par la production d’engrais
Pour enrichir les terres cultivables afin de nourrir les populations, la sous-région doit capitaliser sur ses importantes réserves de phosphates et de gaz.
À ce jour, plus de 7,6 millions d’agriculteurs ont reçu des biens ou des services agricoles et près de 200 000 tonnes d’engrais ont été distribuées aux exploitants vulnérables d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, selon la Banque mondiale.
Dans le contexte actuel de crise mondiale, la survie des populations de nos régions est intimement liée à l’agriculture et à la sécurité alimentaire. La santé des sols et la question des engrais sont au cœur du problème, mais aussi de la solution. Alors que plus de 41 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale souffrent déjà d’insécurité alimentaire et nutritionnelle sévère, l’accès à la nourriture est problématique pour les populations les plus vulnérables, avec une inflation à deux chiffres des prix de la plupart des denrées alimentaires de base.
Cycle de paupérisation
L’onde de choc de la pandémie de Covid-19, les conséquences de la guerre en Ukraine, et les faibles performances du secteur agricole, directement liées à l’augmentation significative du prix des engrais, sont les causes principales de cette insécurité alimentaire. Le changement climatique ainsi que le manque de mécanisation des cultures sont également des facteurs aggravants.
Le cycle de paupérisation lie les problèmes d’accès aux engrais, l’appauvrissement des sols, et la chute des rendements. Briser ce cycle est une question stratégique essentielle puisque, au Togo comme dans de nombreux pays de la région, le secteur agricole fournit directement ou indirectement près de deux tiers des emplois. L’augmentation de la productivité agricole représente ainsi le socle indispensable pour lancer la transformation économique de l’Afrique de l’Ouest.
Des solutions existent : elles passent d’abord par une amélioration générale de l’accès à des engrais de qualité, nécessitant un renforcement de la filière régionale à différents niveaux, tels que l’augmentation substantielle de la production régionale d’engrais organiques et minéraux, afin de réduire les dépendances. Cela implique aussi l’amélioration des infrastructures de stockage et de transport ainsi que le renforcement du cadre règlementaire pour faciliter la circulation des engrais et leur disponibilité à des coûts accessibles au profit des petits agriculteurs.
Ces solutions passent également par la mise en place de pratiques agricoles améliorées, incluant l’utilisation efficiente des engrais, soutenues par des services de vulgarisation renforcés et capitalisant sur les avancées de la recherche. Elles requièrent aussi la mise en place de mécanismes d’appui technique et financier aux agriculteurs afin de les aider à restaurer la santé et la fertilité de leurs sols.
Une approche régionale
C’est la dynamique que plus de 100 décideurs politiques, membres de l’industrie, partenaires techniques et financiers, et représentants d’associations, qui se réunissent cette semaine à Lomé, souhaitent mettre en place afin de convenir ensemble d’une feuille de route pour les pays d’Afrique de l’Ouest. La feuille de route prônera des actions destinées à capitaliser sur les atouts de la région, parmi lesquels les importantes réserves de phosphates et les vastes réserves de gaz nécessaires à la fabrication des engrais.
Cette feuille de route repose sur une approche régionale qui devra permettre à l’ensemble des acteurs du secteur de coordonner leurs efforts. Aux côtés des pays de la Cedeao, du Tchad et de la Mauritanie, les partenaires du développement et du secteur privé se sont déjà engagés à soutenir la mise en œuvre de cette feuille de route commune.
À travers l’Association internationale de développement (IDA), la Banque mondiale a déjà intensifié ses efforts pour une approche régionale dans la réponse aux urgences. Ainsi, le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (FSRP), assorti d’un financement de 766 millions de dollars, vise à augmenter la productivité agricole grâce à l’adoption de technologies climato-intelligentes, à promouvoir les chaînes de valeur intrarégionales et à développer les capacités de gestion des risques agricoles.
À ce jour, plus de 7,6 millions d’agriculteurs ont reçu des biens ou des services agricoles et près de 200 000 tonnes d’engrais ont été distribuées aux exploitants vulnérables d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Au cours de ce mois, une cargaison de 34 000 tonnes d’engrais a été répartie depuis le port de Lomé pour répondre aux besoins urgents des producteurs togolais.
Cette dynamique de partenariat nous donne de l’espoir, et confirme que nous pouvons et devons rester unis pour réussir cette importante mission. Il en va de la survie, de la prospérité et de la sécurité alimentaire de la région, aujourd’hui et demain.