« La vérité est terrible : le monde est en train d'échouer à remplir ses engagements pour protéger les civils, des engagements garantis par le droit humanitaire international », a tonné le patron des Nations unies devant le Conseil de sécurité.
Le Conseil s'est réuni hier mardi, à la demande de la Suisse qui le préside ce mois-ci et pour débattre d'un rapport de M. Guterres sur la “protection des civils dans les conflits armés”. D'après ce document, “en 2022, les Nations unies ont enregistré au moins 16 988 décès de civils dans 12 conflits armés, soit une augmentation de 53% par rapport à 2021”. Rien qu'en “Ukraine, les Nations unies ont comptabilisé 7 957 civils tués et 12 560 blessés, même si ces chiffres sont probablement plus élevés”, selon M. Guterres.
Assis à côté de l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, dont le pays livre une opération spéciale à l'Ukraine depuis 15 mois, le chef de l'ONU s'est indigné du recours dans les conflits aux armes explosives dont “94% des victimes dans des zones peuplées sont des civils.”
Devant les 15 membres du Conseil de sécurité, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a martelé de son côté qu' “en ce moment, d'innombrables civils vivent un enfer dans des conflits à travers le monde”
“À tout instant, le prochain missile peut détruire leur maison, leur école, leur clinique et tous ceux qui y sont. Chaque jour, leurs êtres chers peuvent être agressés, violés, arrêtés, torturés. Chaque semaine, ils peuvent manquer de nourriture ou de médicament”, a égrené la diplomate.
Conséquences humanitaires des guerres, M. Guterres a estimé que “l'an dernier, plus de 117 millions de gens ont souffert d'une faim aigüe”. À ses côtés, le président de la Confédération suisse Alain Berset, dont le pays est “dépositaire des conventions de Genève (de 1949) et siège du CICR”, a prévenu: “Affamer volontairement des civils est un crime de guerre.”
Le dirigeant suisse a dénoncé le sort de civils pris dans des conflits armés en République démocratique du Congo, au Soudan, au Sahel, en Somalie, en Birmanie, en Afghanistan ou “dans d'autres situations de violence, par exemple Haïti.”
Pour l'ambassadeur de France , Nicolas de Rivière, “le bilan est accablant” et “la très forte hausse en 2022 du nombre de civils tués dans les conflits armés est très inquiétante”. Il a fustigé “les violations du droit international humanitaire.”
Les « civils réclament depuis trop longtemps des conséquences meurtrières des conflits armés. Il est temps que nous tenions notre promesse de les protéger », a conclu M. Guterres