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Rapport 2023 Afrobaromètre: Deux Africains sur trois affirment que « les ressources destinées à la lutte contre la COVID-19 ont été perdues à cause de la corruption »

décembre 18, 2023 0 589

La corruption figure parmi les plus grands défis de gouvernance et de développement  auxquels sont confrontés les pays africains.

Selon la Commission Economique des Nations  Unies pour l’Afrique (2016), « étant à la fois le fruit et la cause d’une mauvaise gouvernance  et de la faiblesse des institutions, la corruption constitue un des principaux facteurs qui  entravent la transformation structurelle de l’Afrique ». Non seulement la corruption engendre  la dilapidation des maigres ressources publiques qui pourraient être utilisées pour les services  publics et un développement significatif, mais elle affaiblit également la démocratie en  altérant la confiance du public en la capacité du gouvernement à agir dans le meilleur  intérêt des citoyens (Transparency International, 2022 ; Mhaka, 2022). Les  plates-formes électorales font souvent de l’élimination de la corruption une  promesse de campagne populaire, et pourtant les études classent   systématiquement l’Afrique comme la région la plus corrompue du monde  (Mokgonyana, 2023). 

Dans ce contexte, comment les Africains lambda perçoivent-ils les  tendances de la corruption et la performance gouvernementale  concernant la lutte contre ce fléau ? A quel point les citoyens se sentent-ils en sécurité en  dénonçant les actes de corruption auxquels ils sont confrontés ? 

Les résultats des enquêtes Afrobarometer publiés le 06 décembre 2023, réalisées dans 39 pays en  2021/2023, révèlent que la majorité des Africains affirment que la corruption s’est accrue  dans leur pays au cours de l’année précédente, et la plupart ne voient guère d’amélioration  dans les faibles performances de leur gouvernement quant à la lutte contre ce fléau. Parmi  les principales institutions publiques, c’est la police qui est le plus souvent considérée comme  corrompue. 

Un grand nombre de citoyens déclarent devoir verser des pots-de-vin pour accéder aux  services publics, et la plupart d’entre eux affirment que les personnes qui dénoncent les cas  de corruption aux autorités s’exposent à des représailles. 

Le rapport révèle que les policiers arrivent en tête des agents publics les plus impliqués dans des actes de corruption, devant les agents des impôts, les fonctionnaires, les officiels de la Présidence et les parlementaires.

Deux Africains sur trois (67%) pensent que leur gouvernement ne parvient pas à lutter efficacement contre la corruption qui continue à gagner du terrain sur le continent.

Intitulé « Face à une corruption croissante, les Africains affirment risquer des représailles s’ils en parlent », le rapport se base sur des enquêtes réalisées dans 39 pays africains auprès d’échantillons représentatifs au niveau national de 1200 à 2400 adultes. 

Au total, six pays africains seulement parmi ceux couverts par les enquêtes enregistrent un niveau élevé de satisfaction des performances gouvernementales en matière de lutte contre la corruption, en tête desquels on trouve le Bénin (77%), la Tanzanie (65%) et la Zambie (61%).

Le rapport révèle également que les Africains ont largement le sentiment que la corruption se répand de plus en plus. En moyenne, 58% des citoyens sondés dans 39 pays affirment que le niveau de corruption dans leur pays a augmenté au cours des douze mois précédents. 

Appelés à évaluer l'implication de divers agents publics dans des actes de corruption, presque la moitié (46%) des Africains déclarent que la plupart ou tous les fonctionnaires de police sont impliqués dans des actes de corruption.

Les agents des impôts, les fonctionnaires et les officiels de la Présidence sont à égalité en deuxième position, chaque catégorie étant considérée majoritairement corrompue par 38% des sondés, suivis par les parlementaires, les chefs d'entreprise, les magistrats et les conseillers communaux.

Un répondant sur cinq note par ailleurs que la corruption est également répandue parmi les organisations non gouvernementales, les chefs traditionnels et les autorités religieuses.  

L'évaluation par les citoyens des niveaux de corruption dans les institutions publiques est probablement influencée par les expériences personnelles des personnes sondées. A travers 39 pays, plus d'un adulte sur trois ayant eu affaire à la police déclare avoir dû verser des pots-de-vin, faire un cadeau ou rendre service.   

La pandémie de COVID-19 a ouvert de nouvelles voies au détournement de ressources destinées à l'intérêt général.

A travers 39 pays, plus de deux tiers (68%) des citoyens affirment que « certaines » ou « beaucoup » de ressources destinées à la lutte contre la COVID-19 ont été perdues à cause de la corruption (Figure 6). C'est l'opinion majoritaire dans 34 des 39 pays, dont presque neuf citoyens sur 10 en Tunisie (89%), au Gabon (88%) et au Kenya (88%). Même en Tanzanie et aux Seychelles, où cette perception est la moins répandue, plus d'un tiers des répondants pensent qu'au moins une partie des ressources destinées à la lutte contre la COVID-19 a été engloutie par la corruption.

Dans le cadre de leur action contre ce fléau, de nombreux pays africains ont adopté une législation anti-corruption et créé des agences chargées de prévenir et de poursuivre les cas de corruption.

En dépit de ces efforts, l'opinion générale des citoyens africains stipule que la corruption au sein des principales institutions publiques ne s'améliore pas. Dans les 31 pays régulièrement sondés entre 2014/2015 et 2021/2023, les perceptions de la corruption généralisée se sont aggravées pour les fonctionnaires de la Présidence (de 31% à 39%), les députés (de 35% à 42%) et les juges et magistrats (de 33% à 36%), tout en marquant une stagnation pour la police et les conseillers locaux (Figure 8). Les évaluations de la corruption généralisée se sont quelque peu améliorées (de 39% à 35%) en ce qui concerne les fonctionnaires.

Pour les décideurs politiques et la société civile, ces résultats soulignent la nécessité de  redoubler d’efforts pour lutter contre la corruption et d’améliorer les stratégies visant à  renforcer le sentiment de sécurité des citoyens qui dénoncent la corruption.

 

Téléchargez le rapport 2023 Afrobaromètre

Last modified on lundi, 18 décembre 2023 19:18

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