C’est lors de la cérémonie de clôture du théâtre CANEX Live à la troisième Foire commerciale intra-africaine, IATF 2023, le 10 novembre au Caire.

À 89 ans, Wole Soyinka, qui arbore une magnifique coupe afro blanche, poursuit des activités créatives variées qui témoignent d'une agitation intérieure et d'une source d'énergie une capacité mentale et physique qu'il est reconnaissant d'avoir encore. Mais ce n'est pas seulement l'inspiration qui le motive ; parfois, c'est un sentiment d'"impuissance" face aux maux, comme au lendemain de l'enlèvement par Boko Haram de 300 jeunes filles à Chibok.

« Dans ces moments-là, l'écriture offre un antidote au sentiment de frustration, un défi face à l'injustice. "Il ne me suffit pas qu'un tel événement se soit produit. Il est important qu'il soit utilisé pour excuser la conscience de la société qui a permis qu'il se produise », a déclaré Soyinka.

Ce grand écrivain nigérian affirme que la technologie crée de nouvelles générations d'analphabètes particulièrement dans la société nigériane.

« Je veux que nous comprenions que, d'autre part, il existe une nouvelle culture à laquelle nous devons faire très attention ; je l'appelle la culture de l'internet. C'est une technologie merveilleuse, une technologie libératrice. Ce que l'on appelle le printemps arabe, par exemple, parmi de nombreux mouvements, a pu prendre vie et réussir là où ils ont utilisé cette culture de la communication instantanée ; ce sont des éléments positifs. Cependant, j’appelle les gens à être vigilants face à ce nouveau projet des barbares et à promouvoir une culture réelle et significative qui améliore l'esprit de l'humanité. Cette culture dévalorise la créativité réelle et favorise les tendances populistes, méchantes et subversives, conduisant finalement à la création de nouvelles générations d'individus analphabètes qui méprisent la culture significative. Je désigne la société nigériane comme étant les plus grands abuseurs de ce type de culture, où il y a une véritable dégradation de la signification réelle de la culture, facilitée par la technologie de l'Internet », a-t-il martelé.

Wole Soyinka, de son vrai nom Akinwande Oluwole Babatunde Soyinka, est un écrivain, poète et dramaturge nigérian. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1986, salué comme étant « l’écrivain qui met en scène dans une vaste perspective culturelle enrichie de résonances poétiques, une représentation dramatique de l’existence », le dramaturge, romancier, essayiste et poète nigérian devient ainsi le premier écrivain africain à recevoir cette récompense.

Le Prof. Wole Soyinka est auteur de plusieurs œuvres : Les interprètes ; La danse de la forêt ; Climat de peur ; La mort et l'écuyer du roi ; Le lion et la perle…