« Nous devons désormais envisager la création d’une monnaie digitale africaine », a déclaré M. Elombi, annonçant en faire l’un des chantiers prioritaires de son mandat, aux côtés du développement des infrastructures de paiement et de l’intelligence artificielle.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de la banque panafricaine visant à réduire les coûts et délais de transaction qui freinent encore le commerce entre pays africains, tout en soutenant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Afreximbank a déjà posé des bases solides avec le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui a permis de réduire de plus de 7 % les coûts des transactions transfrontalières et d’offrir jusqu’à 27 % d’économies aux utilisateurs finaux. Grâce à ce dispositif, les banques partenaires ont multiplié par plus de dix leurs volumes d’opérations via des plateformes numériques.

Le PAPSS connecte aujourd’hui 18 pays dans quatre régions africaines, plus de 150 banques commerciales et 14 commutateurs, constituant ainsi l’un des réseaux financiers les plus intégrés du continent. La banque entend désormais investir massivement dans les infrastructures digitales, les plateformes d’e-commerce et les solutions de paiement, en vue de bâtir un écosystème numérique intégré.

Dans le prolongement du PAPSS, le Pan-African Currency Marketplace (PACM), lancé en 2024 en partenariat avec la fintech Interstellar (groupe Stellar), constitue une plateforme de change intra-africain permettant aux banques, entreprises et institutions financières d’échanger directement des devises locales, sans passer par le dollar, l’euro ou la livre sterling.

Selon des experts présents au Nouveau Caire, le PACM pourrait préfigurer une future monnaie numérique africaine, en créant un espace de confiance et de compensation automatisée entre devises régionales. « Ce mécanisme pourrait, à terme, servir de socle à une monnaie digitale panafricaine ou à un actif de règlement commun », estime un observateur du secteur financier.

George Elombi n’a pas encore précisé l’architecture technique envisagée pour cette monnaie : instrument de règlement régional, jeton multi-devises ou projet adossé aux banques centrales. Il a toutefois insisté sur la nécessité d’une coordination avec les institutions continentales et régionales, afin d’assurer la sécurité, la traçabilité et l’inclusion financière des PME africaines.

Ce projet s’annonce ambitieux, dans un contexte où les initiatives d’intégration monétaire africaine peinent à se concrétiser. Prévue dès le Traité d’Abuja de 1991, la monnaie unique africaine n’a jamais vu le jour. Les projets régionaux, tels que l’ECO en Afrique de l’Ouest ou la monnaie commune de l’EAC, désormais reportée à 2031, restent en suspens. Les réticences souverainistes, la fragmentation réglementaire et les régimes de change multiples continuent de freiner les ambitions d’intégration monétaire.

Au-delà de la question monétaire, le nouveau président d’Afreximbank a également défini trois priorités stratégiques : la transformation locale des matières premières, pour « stopper l’exportation de ressources à l’état brut » ; l’approfondissement de l’intégration régionale, incluant la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes ; et l’accélération des investissements dans les infrastructures (énergie, routes, ports, chemins de fer) connectant les marchés africains.

George Elombi a enfin exprimé son ambition de porter le total de bilan d’Afreximbank à des niveaux supérieurs, en mobilisant à la fois des capitaux publics, privés et ceux de la diaspora, afin de soutenir « l’industrialisation et la création de valeur sur le continent ».