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Afreximbank lance un dispositif de financement pour renforcer la conformité des banques africaines

octobre 25, 2025 0 293

Face aux défis croissants du blanchiment, du financement du terrorisme et du « de-risking », Afreximbank met en place l’« Afreximbank Compliance System Financing Facility » (ACSFF) pour aider les banques africaines à moderniser leurs outils de conformité et se conformer aux standards internationaux.


Basée au Caire depuis 1994, Afreximbank s’affirme désormais comme un acteur clé de la finance africaine en mettant la conformité bancaire au cœur de sa stratégie. L’institution vient de dévoiler un nouveau programme : l’ACSFF, destiné à financer l’acquisition par les banques africaines de logiciels, d’infrastructures et de systèmes permettant de respecter les règles internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux (LBC), le financement du terrorisme (FT) et les sanctions.

« Si une banque souhaite acquérir une technologie ou un système pour son département de conformité, nous pouvons lui accorder un prêt pour l’acheter », a expliqué Idrissa Diop, directeur de la conformité d’Afreximbank, en marge de la transition de la présidence de l’institution, le 24 octobre 2025 au Caire. Selon lui, « la conformité n’est pas une contrainte, c’est une condition de survie dans un environnement bancaire de plus en plus exposé aux sanctions et au de-risking ».

La logique est double. D’un côté, Afreximbank vise à aider les banques africaines à se rapprocher des standards requis par leurs contreparties internationales. De l’autre, elle veut éviter que des établissements locaux – faute de moyens technologiques ou organisationnels – soient exclus du système financier global, avec pour corollaire la raréfaction des correspondants bancaires ou l’augmentation des coûts de financement.

Cette nouvelle initiative s’inscrit dans un contexte très exigeant. Plusieurs pays africains figuraient encore en 2025 sur la liste de surveillance du Financial Action Task Force (GAFI), ce qui pèse sur la crédibilité des banques locales et alourdit les flux financiers internationaux. Selon une enquête cité par la CNUCED, l’Afrique perd près de 90 milliards de dollars chaque année en flux illicites, soit environ 3,7 % du PIB du continent. Cela pèse sur l’écart de financement du commerce africain, estimé à environ 100 milliards de dollars par an.

En parallèle, Afreximbank a placé la conformité comme un pilier structurant de son offre. À travers son forum dédié – le Afreximbank Compliance Forum (prévu du 12 au 14 novembre 2025 à Kigali) – la banque promeut l’adoption de technologies modernes (intelligence artificielle, monitoring en temps réel, gestion des bénéficiaires effectifs), et le partage entre régulateurs, banques et fintechs. Le thème de cette édition : « Better Compliance – Better Trade: Embracing AI to Promote and Secure Trade Through a Modern AML/CFT Compliance Framework ». Le rôle des banques dans l’application de la African Continental Free Trade Area (ZLECAf) et l’intégration des paiements intra-africains seront largement abordés.

Plus largement, Afreximbank renforce sa position dans le financement du commerce africain et des paiements intra-continentaux, notamment via le Pan‑African Payment and Settlement System (PAPSS). Face au retrait progressif de grands groupes bancaires internationaux de certains marchés africains, l’institution se veut une banque « correspondante » locale qui accompagne les banques régionales sur plusieurs plans : conformité, expansion, technologies, réseaux.

Le message est clair : dans un monde où la traçabilité, la transparence et la gestion des risques constituent des conditions d’accès aux marchés internationaux, la conformité bancaire n’est plus une option – elle est un levier de compétitivité. « Nous avons investi massivement dans des plateformes technologiques qui nous donnent une vision granulaire des opérations : qui envoie l’argent, qui le reçoit, sur quelles listes de sanctions figurent les entités concernées. La conformité ne se fait pas à la main », affirme Idrissa Diop.

Pour les banques africaines, l’ACSFF est donc une opportunité de se doter de capacités que beaucoup jugent jusqu’à présent hors de portée. Pour Afreximbank, c’est un moyen d’aider à construire un système financier africain plus résilient, capable de tenir la distance dans le contexte international. Le défi reste majeur : faire de la conformité un facteur de croissance, et non pas simplement un coût administratif.

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