La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) intensifie sa lutte contre la criminalité transnationale en s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA). L’annonce a été faite à l’occasion d’un atelier régional organisé à Dakar, au Sénégal, du 21 au 24 octobre 2025, sur le thème de la sécurité humaine, de la criminalité et de la délinquance.
L’objectif de cette rencontre était de renforcer les capacités des experts des Mécanismes nationaux de coordination et de réponse (NCCRM) face à la montée des menaces sécuritaires dans la région. Selon un communiqué de la CEDEAO publié le 22 octobre, l’IA sera intégrée aux systèmes d’alerte précoce afin d’améliorer l’analyse, la cartographie et la prévention du crime.
Les échanges ont porté sur des thématiques clés telles que les liens entre criminalité et conflit, l’analyse géospatiale et la cartographie du crime organisé. Une démarche innovante dans une région où les failles institutionnelles et la faiblesse de la coopération transfrontalière nourrissent les activités illicites.
Bien que l’IA en soit encore à ses débuts en Afrique, son potentiel séduit déjà plusieurs pays. L’Afrique du Sud, pionnière sur le continent, utilise ces technologies pour détecter la cybercriminalité et renforcer les enquêtes policières. Le Ghana et le Sénégal, pour leur part, expérimentent le système « Africa Regional Data Cube » (ARDC), une plateforme qui compile 17 années de données satellitaires pour identifier les zones à risque.
Dans son allocution d’ouverture, la vice-présidente de la Commission de la CEDEAO, Damtien L. Tchintchibidja, représentée par Zelma Nobre Fassinou, a mis en garde contre l’expansion rapide des économies illicites, alimentées par les inégalités et l’instabilité politique. Le représentant du gouvernement sénégalais, Mamadou Moustapha Seck, a souligné pour sa part l’importance de renforcer les mécanismes d’alerte et a annoncé l’ouverture prochaine d’un centre national de réponse au Sénégal.
Selon l’Indice mondial du crime organisé 2023, l’Afrique de l’Ouest affiche un score de 5,44 sur 10, le deuxième plus élevé du continent en matière de criminalité globale. Les trafics de drogues, d’armes et d’êtres humains y prolifèrent, exacerbés par la porosité des frontières et la faiblesse des institutions judiciaires. Le rapport mondial sur les drogues 2021 de l’ONUDC prévoit même une hausse de 40 % du nombre de consommateurs de drogues en Afrique d’ici 2030.
Pour faire face à ces défis, la CEDEAO multiplie les initiatives. Parmi elles, le projet OCWAR-T lancé en 2019 avec le soutien de l’Union européenne, et l’Initiative de la Côte ouest-africaine (WACI), mise en œuvre depuis 2009 en partenariat avec l’ONUDC, INTERPOL, la GIZ et le PNUD. Ces programmes visent à renforcer les capacités judiciaires et sécuritaires des États membres tout en favorisant une meilleure coopération régionale.









