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Le Nigeria prépare sa première émission internationale de sukuk souverain

octobre 08, 2025 0 350

 

Le Nigeria s’apprête à franchir une nouvelle étape sur les marchés mondiaux de la finance islamique. Dans une lettre adressée au Parlement le mardi 7 octobre 2025, le président Bola Tinubu a sollicité l’autorisation d’emprunter 2,3 milliards de dollars supplémentaires et d’émettre un sukuk souverain de 500 millions de dollars, soit un montant total de 2,8 milliards de dollars. Si elle est validée, cette opération marquera la première émission internationale de sukuk souverain du pays.

Lors d’un sommet économique à Abuja, le ministre des Finances, Wale Edun, a indiqué que le gouvernement entend privilégier des instruments de financement « moins coûteux » et plus durables, tels que les obligations vertes, les diaspora bonds et les sukuk. L’objectif est de réduire la dépendance du Nigeria aux eurobonds traditionnels tout en attirant des capitaux en provenance du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est.

Selon la lettre présidentielle, les 2,3 milliards de dollars d’emprunts serviront à combler une partie du déficit budgétaire et à refinancer les eurobonds arrivant à échéance en novembre. Ces fonds pourraient être mobilisés via plusieurs canaux : émissions d’eurobonds, syndications de prêts, financements relais ou emprunts auprès d’institutions internationales.

Depuis 2017, le Nigeria a émis huit sukuk souverains, tous libellés en naira et réservés au marché domestique. Ces instruments conformes à la charia ont permis de financer des infrastructures routières et ont rencontré un franc succès : la dernière émission, en mai 2025, a été sursouscrite sept fois, selon Fitch Ratings.

L’émission prévue de 500 millions de dollars, cette fois en devises étrangères, constituerait donc une première pour Abuja. Qualifiée de « debut sovereign sukuk », elle pourrait être réalisée avec ou sans garantie de la Société islamique d’assurance des investissements et des exportations (ICIEC), filiale de la Banque islamique de développement. D’après Fitch, le marché de la finance islamique au Nigeria représentait environ 4 milliards de dollars fin mai 2025, dont 54 % en sukuk et 45 % en actifs bancaires islamiques. Le secteur reste encore modeste, les banques non-intérêts ne représentant que 2 % des actifs bancaires totaux, avec cinq établissements actifs, dont Jaiz Bank, pionnière du domaine.

La Banque centrale du Nigeria a récemment introduit de nouveaux instruments de liquidité islamique et relevé les exigences de capital, des mesures susceptibles d’accélérer la croissance du secteur dès 2026. « Le Nigeria possède un potentiel considérable pour la finance islamique », souligne Fitch, citant notamment la taille de sa population musulmane et le fort taux de non-bancarisation.

Cette initiative intervient alors que Fitch Ratings a relevé en juin 2025 la note souveraine du Nigeria à « B », saluant les réformes économiques menées depuis 2023 — suppression des subventions pétrolières, unification des taux de change et réforme budgétaire. Ces efforts ont renforcé la crédibilité financière du pays et amélioré ses perspectives d’accès aux marchés.

De retour sur la scène financière internationale depuis fin 2024 après près de trois ans d’absence, Abuja espère que cette nouvelle opération consolidera sa position d’émetteur souverain et diversifiera ses sources de financement.

Selon le Fitch Global Sukuk Market Monitor, le marché mondial des sukuk connaît une dynamique solide, soutenue par la diversification des émetteurs et la forte demande des investisseurs. L’encours global devrait dépasser 1 000 milliards de dollars d’ici fin 2025, tandis que S&P Global Ratings prévoit entre 190 et 200 milliards de dollars de nouvelles émissions. L’Afrique, pour sa part, ne représente encore qu’environ 2 % de ce marché mondial.

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