Les économies africaines sont confrontées à un ensemble complexe de contraintes structurelles, notamment un déficit persistant de financement du commerce à l'échelle du continent, estimé à environ 100 milliards de dollars par an, des dissonances réglementaires, la volatilité des taux de change et l'instabilité macroéconomique. Cette édition 2025 de l'African Trade Report, produite par Afreximbank, fournit une évaluation opportune et rigoureuse de la façon dont l'Afrique peut naviguer dans cette période de changement structurel.
Dans une conjoncture mondiale incertaine, où la croissance ralentit (2,8 % attendus en 2025) et où les tensions commerciales s’accentuent, l’Afrique affiche une performance résiliente, avec une croissance économique de 3,2 % en 2024. Le rapport souligne un rebond significatif du commerce du continent, qui a atteint 1 527 milliards de dollars, en hausse de 13,9 % par rapport à 2023. Le commerce intra-africain, moteur d’intégration régionale, a progressé de 12,4 %, totalisant 220,3 milliards de dollars.
« Pour autant, des défis structurels demeurent. Il s’agit d’un déficit annuel de financement du commerce estimé à 100 milliards USD, d’une dépendance persistante aux matières premières, d’une faible diversification des exportations. Et un commerce intra-africain qui ne représente encore que 14,4 % du commerce total du continent. Face à ces contraintes, le rapport met en lumière des instruments de transformation majeurs, notamment, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui se positionne comme un levier d’industrialisation, de souveraineté économique et de création de chaînes de valeur régionales ; le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui permet des transactions en monnaies locales entre pays africains et réduit la dépendance aux devises étrangères ; l’Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI), qui intensifie ses efforts pour renforcer le financement contre-cyclique et appuyer les secteurs clés du développement », a expliqué Dr Yemi Kale, économiste en chef lors de la présentation dudit rapport.
Le rapport plaide aussi pour une réforme urgente du système financier mondial, dénonçant les biais des notations de crédit et les règles du dispositif de Bâle IV, jugées pénalisantes pour les banques africaines. L’entrée de l’Union africaine au G20 est présentée comme une opportunité stratégique pour revendiquer une place équitable dans la gouvernance économique mondiale.
Le président d’Afreximbank, le Pr. Benedict Oramah, a appelé à transformer les crises actuelles en catalyseur d’une nouvelle ère : « L’Afrique ne doit pas être marginalisée par la fragmentation du monde, mais en faire un tremplin vers une économie plus intégrée, résiliente et autonome ».
« À Afreximbank, nous sommes pleinement engagés dans cette vision. Nous avons déboursé plus de 17,5 milliards de dollars US en financement du commerce en 2024, et nous sommes en passe de doubler le financement du commerce intra-africain pour atteindre 40 milliards de dollars US d'ici 2026. Je félicite l'équipe de recherche d'Afreximbank pour le travail méticuleux qu'elle a accompli en produisant ce rapport complet et prospectif. Il s'agit d'une lecture essentielle pour toutes les parties prenantes engagées dans la construction d'un avenir africain résilient, autodéfini et prospère. Faisons en sorte que l'Afrique ne soit pas marginalisée, mais qu'elle connaisse une renaissance », apprends-t-on dans l'avant propos du rapport.