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À Amlamé, les chefs traditionnels montent au front : Le Togo réarme ses gardiens de la paix.

juin 02, 2025 0 1324

Amlamé, Togo – L’heure n’est plus aux discours feutrés. À Amlamé, cœur symbolique de la région des Plateaux, les autorités togolaises viennent d’envoyer un signal fort : face aux menaces contemporaines, ce sont les forces traditionnelles qui doivent désormais tenir la ligne de front.

Le 30 mai 2025, sous la conduite du gouverneur de la région, le général de brigade Dadja Maganawè, préfets, maires et chefs traditionnels se sont rassemblés pour une session de renforcement des capacités. Plus qu’un atelier, un véritable sursaut collectif pour faire de ces figures coutumières les nouvelles sentinelles de la cohésion sociale.

Le gouverneur Dadja Maganawè a donné le ton dès l’ouverture : « Nous sommes à la croisée des chemins. L’État seul ne peut contenir toutes les menaces. La résilience commence dans nos villages et communautés, et les chefs doivent devenir les relais vigilants de cette cohésion que nous voulons préserver. » 

Un appel relayé par le préfet de l’Amou, Koufama Bissalouwé, qui a salué « la richesse de la sagesse ancestrale comme boussole face aux crises ».

Dans la salle, la gravité des enjeux est palpable. Violences liées à l’extrémisme, tensions croissantes autour de la transhumance, fractures sociales et conflits intercommunautaires : les défis sont énormes. Mais la volonté est là.

« Il ne suffit plus de trancher les litiges de voisinage. Le chef doit aujourd’hui comprendre les dynamiques sécuritaires, décrypter les signaux faibles et prévenir les crises avant qu’elles n’éclatent », martèle l’un des formateurs.

Un message confirmé avec force par le commissaire divisionnaire Vondoly Kodjo, Directeur de la Chefferie traditionnelle : « Un silence des chefs face aux dérives actuelles deviendra une forme de complicité. »

Dans une région où les éleveurs et agriculteurs peinent à cohabiter pacifiquement, où le changement climatique exacerbe les tensions foncières, la figure du chef doit évoluer, affirment les intervenants.

Un chef de canton de Danyi applaudit la démarche : « Nous nous réjouissons de cette initiative qui vient nous outillés au mieux de manière aussi concrète. Cela prouve que l’État est vraiment à l’écoute de notre rôle de terrain. »

Pour Deborah Ankou, représentante de l’OIM, la stratégie est limpide : « La légitimité des chefs en fait des acteurs incontournables de la gouvernance locale. Ce sont eux qui maintiennent le lien entre les institutions et les réalités du terrain. » 

Même enthousiasme du côté du maire de la commune Amou 1, convaincu que « ce cadre de dialogue valorise le vivre-ensemble à la togolaise ».

Cette rencontre d’Amlamé n’est pas un fait isolé : il s’inscrit dans une dynamique nationale qui entend replacer la chefferie traditionnelle au cœur des réponses communautaires. Dans un monde secoué par l’insécurité, les migrations et l’érosion des repères sociaux, le Togo fait le choix de l’ancrage.

« Nous ne pouvons plus rester figés. Le chef doit redevenir acteur, pas statue », lance un participant, appelant à une réforme pragmatique des textes sur la transhumance.

À travers cette initiative, le Togo opère un virage intelligent : faire de la tradition un levier de modernité, de la culture un instrument de gouvernance.

Et dans les collines d’Amlamé, une conviction commence à germer : La paix durable ne viendra pas uniquement des grandes institutions, mais aussi des forêts, des sentiers, et des palabres sous les grands arbres.

 

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