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« Il est temps que les femmes prennent toute leur place ! », Le cri du cœur de Mme AGORO Essognina Nassara, conseillère municipale  commune  Agoè-Nyivé 4.

mai 23, 2025 0 726

Élue locale depuis le retour à la décentralisation, Mme AGORO revient sur les acquis du premier mandat, dénonce les freins à la participation des femmes et lance un appel fort aux partis politiques. 

Avec les élections locales de juin 2019, le Togo a renoué avec la décentralisation, après plus de 30 ans d’interruption. Ce tournant historique a permis l’installation de 117 communes, dirigées par des conseils municipaux élus. À Agoè-Nyivé 4, Mme AGORO, conseillère municipale engagée, revient sur les progrès accomplis au cours de ce premier mandat, notamment en matière de services de proximité et d’implication des femmes. Elle plaide pour une parité réelle dans les partis politiques et une meilleure reconnaissance des capacités féminines.

Horizon news: Mme AGORO, en tant qu’élue locale, quel bilan personnel faites-vous de ce premier mandat de la décentralisation ?

Mme AGORO : Je peux vous dire que ce premier mandat a été un réel apprentissage mais aussi un moment d’engagement profond au service de nos communautés. Nous avons pu rapprocher les services de l’état civil des populations, ce qui est un grand pas. Avant, les gens devaient parcourir de longues distances pour obtenir un acte de naissance ou tout autre document. Aujourd’hui, ce service est à portée de main. Nous avons également intensifié la sensibilisation, surtout à l’endroit des femmes dans les marchés revendeuses, commerçantes, et même les jeunes filles. C’est important que toutes comprennent que la décentralisation ne concerne pas seulement les hommes, mais bien chaque citoyen et citoyenne. Le REFELA–TOGO nous a renforcé en capacités ce qui nous a permises d’accroitre  notre engagement et la participation à la vie politique.

Journaliste : Pourtant, la participation des femmes reste faible. Quels obstacles identifiez-vous ?

Mme AGORO : Le principal frein, c’est le manque de confiance des femmes elles-mêmes. Beaucoup pensent qu’elles n’ont pas leur place parce qu’elles n’ont pas fait de longues études. Pourtant, une femme, même ménagère, prend chaque jour des décisions importantes pour sa famille. Si elle peut gérer un foyer, elle peut aussi participer aux décisions de sa communauté. Il faut briser ce mythe selon lequel seules les personnes diplômées peuvent gouverner.

Certains invoquent la religion comme facteur bloquant. Qu’en pensez-vous ?

Mme AGORO : Ce fut le cas autrefois, c’est vrai. Mais aujourd’hui, même dans des familles musulmanes, les choses bougent. Chez moi, mon père s’est toujours battu pour que ses filles aillent à l’école au même titre que les garçons. Il nous a donné des responsabilités très tôt. Donc, pour moi, la religion ne devrait plus être une barrière. Elle doit au contraire accompagner l’émancipation des femmes.

Mme AGORO, en quoi une réelle parité dans les partis politiques ou sur la liste des candidats des partis politiques serait-elle un facteur de politique de parité au niveau des conseillers municipaux?

Mme AGORO : « La parité au niveau des partis politiques, et surtout sur les listes de candidatures, est le premier levier pour garantir une réelle représentation des femmes dans les conseils municipaux. Pourquoi ? Parce que c’est à travers les obédiences politiques que les candidatures émergent. Si dès le départ, les femmes sont reléguées en bas de liste, elles n’ont pratiquement aucune chance d’être élues.

En revanche, si les partis politiques s'engagent à positionner équitablement les femmes en alternant  femmes et hommes  sur les  listes par exemple alors on augmente naturellement leurs chances d'être élues. Ce mécanisme devient un véritable moteur de la parité au niveau local.

Pour ces élections municipales de juillet 2025, au moins 30 maires à la tête des communes et au moins une adjointe dans chaque exécutif des 117 communes. Tel est notre plaidoyer.

Il ne s’agit pas de faire plaisir aux femmes, mais de reconnaître leur capacité à contribuer au développement de nos communes. Une politique de parité commence donc par un engagement fort des partis. Sans cela, la décentralisation restera incomplète, car elle exclura la moitié de la population. »

Et sur les listes électorales, les femmes sont souvent reléguées aux dernières places…

Mme AGORO : C’est une grosse injustice. Les partis politiques doivent avoir le courage de positionner les femmes au même rang que les hommes sur les listes. Ce n’est pas un cadeau qu’on leur fait, c’est une reconnaissance de leur compétence et de leur droit. Moi, je salue déjà le Président du Conseil de notre grand Parti qui a su nommer des femmes à des postes de responsabilité. C’est un exemple concret, et j’aimerais que cela se généralise à toutes les obédiences politiques.

Un dernier mot pour les leaders politiques ?

Mme AGORO : Je leur demande avec insistance de ne plus nous renvoyer à l’arrière-plan sous prétexte que nous sommes des femmes. Les femmes sont capables, engagées, et prêtes à porter le développement de notre pays aux côtés des hommes. Il faut les considérer, les respecter, les intégrer dans les décisions, et leur donner de vraies responsabilités. C’est à cette condition que nous construirons une société équilibrée, juste et durable  pour notre nation.

  

À travers le témoignage de Mme AGORO, le bilan du premier mandat de la décentralisation se révèle porteur d’espoir mais aussi de grands défis, notamment en matière de représentativité féminine. Pour que la décentralisation réussisse pleinement, les femmes doivent cesser d’être spectatrices et devenir actrices à part entière. Le message est clair : « Les Femmes doivent être au premier rang tout comme les Hommes ! »

 

Last modified on vendredi, 23 mai 2025 15:02

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