Lors du premier panel, Mohammed Boussaïd, ancien ministre de l’Économie et des Finances du Maroc, a livré une intervention remarquée en formulant trois recommandations clés : centraliser les informations sur la dette, mettre en place une stratégie intégrée de gestion de la Trésorerie générale, et former les professionnels des médias pour garantir une équité d’information.
« Une gouvernance moderne de la dette passe par la visibilité, l’anticipation et l’éducation. Cela implique un effort coordonné entre les institutions financières, les gouvernements, les médias et les citoyens », a-t-il déclaré.
Dans de nombreux États africains, les données liées à l’endettement public sont dispersées, entravant la lisibilité et la cohérence des décisions financières. Une base de données unifiée, régulièrement actualisée, renforcerait la transparence, faciliterait la gestion budgétaire, et améliorerait la communication avec les partenaires financiers.
La gestion de la trésorerie de l’État ne peut plus être réduite à une simple administration des liquidités. Elle doit s’appuyer sur une stratégie anticipative, prenant en compte les échéances, les dépenses sociales urgentes et les risques financiers. Une trésorerie bien gérée offre plus de marges de manœuvre, limite les emprunts coûteux, et améliore la crédibilité de l’État.
Boussaïd, tout comme les autres panelistes, a également mis l’accent sur le rôle essentiel des médias dans la vulgarisation des politiques économiques. Il appelle à outiller les journalistes spécialisés afin qu’ils puissent accompagner les institutions dans leur mission d’information et de transparence. Pour lui, former les médias, c’est renforcer le contrôle citoyen et la confiance du public envers les gestionnaires de la dette.
Autre point crucial abordé au cours des discussions : l’implication active des parlementaires dans les commissions de surveillance et de contrôle de la gestion de la dette publique. En tant que représentants du peuple, les députés ont un rôle fondamental à jouer dans l’examen des emprunts, le suivi de leur utilisation et l’évaluation de leur impact.
Leur implication garantit une redevabilité démocratique, limite les risques d’endettement non maîtrisé et permet de s’assurer que les ressources mobilisées servent effectivement les priorités de développement. Renforcer les capacités des parlementaires et leur donner un accès direct aux données de la dette est donc une condition essentielle pour asseoir une gouvernance inclusive et équilibrée.
Les discussions ont souligné que la question de la dette ne peut plus être abordée uniquement sous l’angle technique ou financier. Elle doit devenir un enjeu politique, citoyen et institutionnel. Pour l’Afrique, adopter une approche intégrée de la gestion de la dette, associant transparence, pédagogie et contrôle parlementaire, est un levier stratégique pour renforcer la résilience économique et restaurer la confiance des populations.
Jean-Marc EDRON