Cette rencontre stratégique a abouti à une Déclaration de Lomé ambitieuse, posant les jalons d’un tournant historique dans la manière dont l’Afrique entend gérer sa dette et financer son avenir.
Un cri d’alarme… et des solutions concrètes
Face à l’urgence d’une dette publique qui étouffe la croissance de nombreux pays africains, la Déclaration de Lomé ne se contente pas de diagnostiquer. Elle prône l’annulation ciblée de certaines dettes, en tenant compte des réalités spécifiques des pays incapables de faire face à leurs obligations. Cette approche réaliste vise à donner un nouveau souffle aux économies asphyxiées, tout en réaffirmant l’engagement en faveur d’un développement économique inclusif, fondé sur une croissance soutenue de 7 à 10 %.
Des financements nouveaux pour une Afrique autonome
Refusant la fatalité de l’endettement excessif, les participants appellent à diversifier les sources de financement. Partenariats public-privé, obligations vertes, échange de crédits carbone, obligations Panda : l’Afrique veut innover et attirer des capitaux à moindre coût. En ligne de mire : la création rapide du Mécanisme africain de stabilité financière (MASF), véritable bouclier anti-crise qui offrirait des lignes de crédit concessionnelles aux pays vulnérables.
Autre innovation saluée : la mise en place d’une Agence panafricaine de notation de crédit, pour briser le carcan des agences internationales qui surévaluent le risque africain et pénalisent l’accès aux marchés financiers.
Plaidoyer fort pour la justice financière internationale
La Déclaration de Lomé interpelle également le Fonds monétaire international (FMI). Les pays africains n’ont reçu que 5 % de l’allocation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) en 2021 : une iniquité que les participants dénoncent avec fermeté. Ils réclament une réforme urgente du système d’allocation des DTS, afin qu’il reflète les véritables besoins en liquidités du continent.
Restructurer intelligemment avant qu’il ne soit trop tard
Enfin, la conférence adopte une approche proactive de la restructuration de la dette, avec la proposition d’un reprofilage « ex ante », c’est-à-dire avant l’apparition d’une crise. L’objectif : éviter les drames économiques liés aux défauts de paiement, en agissant en amont pour rééquilibrer les finances publiques.
Vers une souveraineté économique africaine
À travers cette Déclaration de Lomé, l’Afrique affirme sa volonté de reprendre le contrôle de sa trajectoire économique, en développant des solutions endogènes, en appelant à une réforme de la gouvernance financière mondiale et en s’unissant pour affronter les défis communs. La conférence de Lomé n’a pas simplement dressé un état des lieux : elle a lancé un appel fort à la solidarité, à l’innovation et à la responsabilité partagée.
L’histoire retiendra peut-être Lomé 2025 comme le point de départ d’une nouvelle ère dans la gestion de la dette africaine.
Jean-Marc EDRON