En 2022, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a obtenu un accord qui interdit les aides publiques favorisant la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), ainsi que les subventions portant sur des stocks halieutiques surexploités. Mais deux ans plus tard, son application reste bloquée. « Nous sommes si proches », a insisté Angela Ellard, directrice générale adjointe de l’OMC, dans un appel lancé le 2 avril.
À ce jour, seuls 95 pays ont déposé leur instrument d’acceptation, alors que 111 ratifications sont nécessaires pour que le texte entre en vigueur. Un retard jugé « préjudiciable » face à l’état alarmant des ressources halieutiques mondiales, quand on sait que 38 % des stocks seraient actuellement surexploités.
Le cœur du blocage réside dans les demandes de certains États, notamment l’Inde et l’Indonésie. Ces deux puissances maritimes, respectivement deuxième et troisième producteur de pêche de capture au monde, réclament un traitement différencié. Pour ces Etats, il est important de maintenir des soutiens publics aux pêcheries locales, notamment sous forme de carburant, d’équipements et d’infrastructures.
Une position qui ne fait pas tout de même l’unanimité. Pour la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE), les pays concernés cherchent surtout à conserver la possibilité de financer une pêche industrielle qui alimente une concurrence déloyale et met à mal les économies côtières les plus fragiles, en particulier en Afrique.
Le Togo, notamment, fait partie des États ayant déjà ratifié l’accord, mais ne peut bénéficier du Fonds sur la pêche de l’OMC tant que le texte n’est pas entré en vigueur. Au-delà de ce premier accord, des discussions sont en cours pour élargir les restrictions à toutes les subventions susceptibles d’encourager une pêche excessive.
L’OMC espère ainsi poser les bases d’un commerce maritime plus durable, en redirigeant les 22 milliards de dollars dépensés chaque année en subventions néfastes vers une meilleure gestion des ressources.
À l’heure actuelle, un petit nombre de pays dominent l’aquaculture. Dix d’entre eux – la Chine, l’Indonésie, l’Inde, le Viêt Nam, le Bangladesh, les Philippines, la République de Corée, la Norvège, l’Égypte et le Chili – produisent plus de 89,8 % du total. Mais de nombreux pays à faible revenu d’Afrique et d’Asie n’exploitent pas pleinement leur potentiel. Des politiques ciblées, le transfert de technologies, le renforcement des capacités et des investissements responsables sont essentiels pour stimuler l’aquaculture durable là où elle est le plus nécessaire, en particulier en Afrique.
L’édition 2024 du rapport La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (SOFIA) indique que la production mondiale de pêches et d’aquaculture a atteint 223,2 millions de tonnes en 2022, soit une augmentation de 4,4 pour cent par rapport à l’année 2020. La production comprenait 185,4 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 37,8 millions de tonnes d’algues. L’Afrique a représenté 13,1 millions de tonnes de production de pêches et d’aquaculture, soit 6 pour cent du total mondial.