Des milliers de personnes se sont rassemblées à Bamako, dimanche 6 avril, pour un dernier adieu au légendaire chanteur et musicien Amadou Bagayoko, qui était également un virtuose de la guitare, décédé vendredi à l'âge de 70 ans. Des proches, des fans mais aussi des responsables politiques, ainsi que plusieurs artistes maliens ou étrangers, ont participé à une cérémonie d'hommage ponctuée de nombreux témoignages.
Dans la foule se trouvait notamment le musicien malien Salif Keïta, qui a tenu à honorer sa mémoire. « On a perdu un collègue, on a perdu un ami, on a perdu un parent, a-t-il notamment déclaré avant de poursuivre : sa disparition laisse un grand vide, mais ses disques sont là, ses textes sont là. Il ne mourra jamais car il va rester dans nos cœurs. » « Le monde de la culture perd un grand homme. Il a porté haut la culture malienne », a affirmé pour sa part le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé.
Dans la foule installée sous des tentes, un grand nombre de personnes étaient vêtues de boubous traditionnels blancs, tandis que d'autres étaient habillées en noir. Quelques personnes ont brandi des posters à l'effigie d'Amadou Bagayoko.
Puis, la journée s'est poursuivie par une prière mortuaire dans le quartier où vivait l'artiste, sur la rive droite du fleuve Niger, avant son inhumation dans le jardin de sa maison, dans la plus stricte intimité familiale.
Amadou et son épouse Mariam Doumbia, qui s'étaient rencontrés à l'Institut des jeunes aveugle de Bamako en 1976 où ils n'ont pas tardé à former un couple à la scène comme dans la vie, ont connu un succès planétaire en 2004 avec le tube Dimanche à Bamako, chanson-titre d'un disque produit par Manu Chao, alors qu'ils tournaient ensemble depuis les années 1980.
Depuis, leurs chansons envahissaient régulièrement les dancefloors du monde entier. Le duo a fait le tour du monde et participé à plusieurs grands événements planétaires, comme la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris, l'an dernier.
Dès l’annonce de son décès, les hommages se sont multipliés.
« Repose en paix Maestro », a réagi l’artiste congolais Fally Ipupa peu après l’annonce de la mort du célèbre artiste malien. « Je n’oublierai jamais son amitié », a commenté de son côté la star sénégalaise Youssou N'Dour à propos de celui qui formait, avec la chanteuse Mariam Doumbia, le duo internationalement connu Amadou et Mariam.
« Encore une immense perte pour la musique malienne et africaine. C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès de tonton Amadou Bagayoko, [...] icône de la musique malienne », a écrit pour sa part le jeune chanteur malien Sidiki Diabaté, sur Facebook.
Sur son compte X, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, a elle salué l’engagement et la générosité de l’homme. « Lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris, Amadou était venu nous dire qu’il s’en allait en reprenant les mots de Gainsbourg », a-t-elle ajouté.
De partout, les réactions ont afflué à l’annonce de la mort de l’artiste qui, selon sa famille, était depuis un moment alité. Interrogé par RFI, Mory Touré, animateur culturel et correspondant de Couleurs Tropicales à Bamako a rendu hommage à cette « anti-star ». « Sa discrétion, son humilité, c’était ça, sa grandeur. Depuis presque une quarantaine d’années, Amadou brille et fait briller le Mali à travers ce couple mythique qu’on appelle Amadou et Mariam », ajoute-t-il. Et de conclure, ému : « La perte d’Amadou est une symphonie inachevée. Amadou est parti trop tôt. »
Avant de faire partie du mythique duo avec sa femme, Amadou a joué au sein des Ambassadeurs du Motel, aux côtés, notamment, de Cheick Tidiane Seck, l’un de ses amis d’enfance. Ce dernier se rappelle d’un homme « curieux de tout » qui « écoutait toute la musique » : « On n'avait pas de barrières, on écoutait aussi les Stones, Led Zeppelin… C’est ça qui a forgé sa personnalité et son jeu de guitare. Il n’y a pas de mots pour le décrire en réalité... »
RFI