Bonjour Professeur Joseph KAUDJHIS, pouvez vous nous expliquer brièvement l’importance de la 39ᵉ session ordinaire du Conseil d’Administration du CAMPC qui s’est tenue à Libreville ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : La 39ème session du Conseil d’Administration du CAMPC qui s’est tenue à Libreville a été décisive au regard des actions inscrites dans le Plan Stratégique 2023-2025, notamment l’extension des infrastructures et des programmes du Siège du Centre à Abidjan (Côte d’Ivoire), la Construction du Campus de sa Représentation à Abidjan, l’organisation du Cinquantenaire en 2025, l’ouverture de la Représentation du CAMPC à Libreville, etc. Cette session a souligné l’importance de la coopération entre les pays africains pour le développement de l’excellence sur tout le continent.
Pourquoi le Gabon a-t-il été choisi pour accueillir cette session ? Quels critères ont guidé ce choix ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Le choix du Gabon est avant tout une décision stratégique et symbolique…. Il s’agissait en effet de marquer le retour de la République Gabonaise au sein de l’institution. C’est aussi et surtout une volonté affirmée des hautes autorités gabonaises de faire du CAMPC un acteur majeur dans le renforcement des capacités des cadres et agents publics et privés du Gabon. Je tiens à travers votre canal à réitérer mes remerciements et ma profonde gratitude aux plus hautes autorités du Gabon : à SEM le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA qui a mis tout en œuvre pour l’organisation de la 39ème Session du CAMPC qui de mémoire a été la plus belle. Je remercie également SEM Raymond NDONG SIMA, Premier Ministre de la Transition, Chef du Gouvernement et Madame Louise BONKANDOU MOUSSAVOU le Ministre de la Fonction Publique et du Renforcement des Capacités.
Le CAMPC prévoit l’ouverture de nouvelles représentations, notamment à Libreville et Ouagadougou, ainsi que l’extension des infrastructures à Abidjan. Quelles sont les motivations derrière cette stratégie d’expansion ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Le CAMPC renforce sa présence et son influence dans la région et se rapproche de ses partenaires. Cette ambition se justifie par l’engagement des autorités de ces pays et des autres pays membres pour le développement des compétences et l’excellence. En délocalisant certaines activités, le CAMPC pourra ainsi augmenter ses capacités d’accueil et de formation à plus grande échelle.
Quels avantages ces nouvelles Représentations apporteront-elles aux cadres africains et aux administrations publiques ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Le CAMPC offrira des formations plus adaptées aux besoins spécifiques des pays et des régions concernées en plus de ce qui est dispensé déjà au siège. L’objectif est de parvenir d’ici 2027, année d’achèvement du second plan stratégique, à des Campus spécialisés dans des domaines bien précis de la vie économique.
Quels sont les principaux axes du plan stratégique 2023-2027 adopté lors de la précédente session ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Le Plan Stratégique 2023-2027 est structuré autour de six (06) axes que sont : - Renforcer les capacités de formation et d’accueil du Siège du CAMPC et de ses Représentations ; - Améliorer la pédagogie et la formation ; - Renforcer les missions d’Assistance-Conseil et d’Agrément ; - Renforcer les activités de recherche ; - Améliorer la gestion administrative et financière du CAMPC ; - Améliorer la vie au Centre et renforcement de son rôle dans la société.
Le CAMPC a formé plus de 45 000 cadres et accompagné 7 000 institutions. Quels sont les défis à relever pour maintenir ce niveau d’excellence ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Permettez-moi pour répondre à cette question de réaffirmer l’ambition du Plan Stratégique 2023-2027 qui est de ‘’Consolider notre position de leader de la formation continue et du développement des compétences en Afrique’'. Pour y parvenir, le Centre doit donc développer des mécanismes robustes pour évaluer l’impact des formations sur les participants et leurs structures, établir et maintenir des partenariats avec des Institutions académiques, des entreprises et des gouvernements, etc.
Vous avez souligné que le CAMPC joue un rôle central dans la transformation des économies africaines. Comment cette institution contribue-t-elle concrètement au développement durable des pays membres ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Le développement durable est prioritairement une question de ressources humaines et capital humain. Ayant pour mission principale de renforcer les capacités de ces ressources humaines et de mettre à la disposition de États des cadres et des agents bien formés, le CAMPC contribue ainsi significativement au développement de nos États. Une autre de ses missions est d’assister et de conseiller les États dans leur réformes institutionnelles et structurelles et aussi de faire de la recherche, autant qui concourent au développement durable.
Quels sont les enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels le CAMPC doit répondre dans le contexte africain actuel ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : L’Afrique est en proie à de profondes mutations depuis la fin des années 1980. Le CAMPC en tant qu’institution de formation professionnelle inter État est appelée à jouer un rôle majeur dans la gestion de ces mutations. Il s’agit entre autres de répondre efficacement aux défis de l’amélioration des services publics par la formation des cadres et des agents des administrations, de soutenir la création d’emplois et de richesses par le développement de formations adaptées au marché du travail, de soutenir le bien-être des travailleurs et la préservation de l’environnement par le développement de thématique dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité au travail, de la lutte contre les changements climatiques et du financement vert.
Dans quelle mesure l’installation du CAMPC au Gabon peut-elle promouvoir une dynamique de collaboration entre les pays d’Afrique centrale et ceux des autres régions du continent ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : L’ouverture de la Représentation du CAMPC à Libreville (Gabon) va soutenir l’intégration sous-régionale et faire du Gabon une plaque tournante de la formation professionnelle continue. L’objectif visé par l’ouverture de cette Représentation est d’y développer, en plus des programmes traditionnels, des thématiques spécifiques dans les domaines de pointe tel que l’informatique, l’intelligence artificielle, etc. Le Gabon abrite en effet déjà l’Institut Africain de l’Information (IAI), une autre institution panafricaine de formation initiale qui sera un partenaire privilégié dans le développement de ses thématiques nouvelles pour lesquels le CAMPC se propose de développer des programmes sur le volet managérial et de la conduite du changement, le plus souvent occultés au profit des aspects techniques. L’originalité de ces programmes fera donc du Gabon un pôle attractif pour les autres régions du continent.
Le CAMPC célébrera bientôt ses 50 ans. Quels sont les principaux événements prévus dans le cadre des festivités du cinquantenaire ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : La célébration du Cinquantenaire va marquer un tournant important dans la vie du CAMPC. A cette occasion plusieurs évènements sont prévus en prélude aux festivités qui auront lieu en décembre 2025. Au terme de la 39ème Session du Conseil d’Administration qui s’est tenue à Libreville (Gabon), les membres ont convenu que la Côte d’Ivoire abrite sa 40ème Session ainsi que les festivités du Cinquantenaire. Les festivités seront officiellement lancées dans la seconde moitié du mois de mai 2025 et suivront une série d’activités jusqu’au mois de décembre 2025 pour la célébration proprement dite précédée du Comité de Contrôle et de Gestion (CCG) et du Conseil d’Administration du CAMPC. Au chapitre des activités, on note des conférences-débats, une journée porte ouverte avec des expositions, la projection d’un film institutionnel, un dîner-gala au cours duquel les diplômés du CAMPC seront célébrés et les principaux acteurs de l’Administration et de la formation distingués.
Comment ces célébrations refléteront-elles les réalisations et les ambitions futures du CAMPC ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : D’abord il faut retenir que cette commémoration de la création du CAMPC est une première dans l’histoire de l’institution. Depuis sa création le 16 décembre 1975, le CAMPC n’a en effet jamais célébré son anniversaire. C’est donc pour nous une belle opportunité de renforcer la visibilité de nos programmes et de notre savoir-faire dans le domaine de la formation professionnelle continue et du renforcement des capacités. C’est aussi l’occasion de montrer aux décideurs, aux partenaires financiers, aux administrations et organisations et aux professionnels africains les réformes et les innovations engagées depuis 2018 et qui ont permis au CAMPC de se repositionner au cœur de la formation professionnelle continue en Afrique. A travers les activités qui meubleront ces festivités (conférence-débat, journées porte ouverte, visite guidée, film institutionnel, dîner-gala, célébration du mérite, etc.), le CAMPC veut donc montrer à ses partenaires et à la communauté sous-régionale et internationale qu’il est devenu un établissement d’enseignement supérieur à vocation professionnelle moderne, soucieux de la qualité de ses programmes de formation et résolument engagé dans la préservation de son label et de son environnement. Pour y parvenir, des démarches seront menées dans le premier semestre de l’année 2025 en vue de la mobilisation effective de toutes les Hautes Parties Contractantes membres du Conseil d’Administration du CAMPC (États, Patronat et Chambre de Commerce et d’Industrie). En plus du film institutionnel qui sera projeté, un guide du Cinquantenaire en format papier retraçant l’évolution de l’institution depuis 1975 et ses perspectives de développement sera également édité. Les médias nationaux, sous-régionaux et internationaux seront invités à couvrir ses festivités et à promouvoir les actions menées par le CAMPC depuis 1975 pour doter nos États, nos administrations et organisations de cadres et d’agents bien formés et compétents. Autant donc d’initiatives qui seront mises en œuvre dans le cadre de ces célébrations et qui refléteront les réalisations et les ambitions futures du CAMPC.
En tant que Directeur Général, quelle est votre vision pour le futur du CAMPC ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Je dois préciser que ma vision est avant tout le fruit des ambitions d’une équipe. C’est donc une vision partagée par l’ensemble des acteurs de la communauté du CAMPC comme je l’ai indiqué plus haut dans mon propos. Elle se résume en la consolidation de notre position de leader de la formation continue et du développement des compétences en Afrique. Il s’agit en somme de faire du CAMPC le leader de la formation professionnelle continue et du renforcement des capacités en Afrique. Dans cette vision, le CAMPC devra être perçu comme la première Institution d’enseignement supérieur professionnel en Afrique exclusivement réservée aux professionnels.
Quel message souhaitez-vous adresser aux cadres africains, aux institutions publiques et privées, ainsi qu’aux décideurs politiques concernant l’importance de la formation continue et du perfectionnement professionnel ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : La formation continue et le perfectionnement professionnel sont des leviers importants de la viabilité et de la performance des administrations et des organisations qu’elles soient publiques ou privées. Il est donc essentiel que les décideurs politiques, les institutions et les cadres les inscrivent au cœur de leur stratégie de développement. L’environnement professionnel est en perpétuelle évolution et il est important pour nos administrations et nos organisations africaines de s’adapter à ces changements pour être compétitives et répondre ainsi efficacement aux préoccupations des populations. La formation professionnelle continue est la clé pour s’approprier ces mutations et ses innovations. Les administrations et organisations et particulièrement les décideurs politiques doivent donc investir dans la formation professionnelle continue et dans le renforcement des capacités.
Pour conclure, quels sont vos souhaits pour l’avenir du CAMPC et son rôle dans le développement du continent africain ?
Pr. Joseph KAUDJHIS : Je voudrais avant de clore mon propos dire qu’en tant qu’Africain, nous devons faire confiance à nos institutions de formation. Nous devons œuvrer à la promotion et la valorisation de la compétence et de l’expertise Africaine. C’est à cette condition que nos institutions de formation en général et le CAMPC en particulier pourront soutenir le développement économique et social de nos États. Depuis sa création en 1975, le CAMPC a formé plus de 45.000 cadres africains et accompagné plus de 7000 administrations et organisations. Ces professionnels formés par le CAMPC ont montré leur capacité à transformer leur administration et organisation et à y apporter une réelle plus-value grâce aux nouveaux outils qu’ils ont acquis. Mon souhait est donc que le CAMPC s’implante dans l’avenir dans tous les États Africains afin que son expertise soit accessible à un plus grand nombre de professionnels. La formation qu’elle soit initiale ou continue est le socle de tout développement économique et de tout progrès social. Le modèle de la Corée du Sud qui a bâti son émergence sur son système de formation doit inspirer les États Africains qui disposent déjà d’innombrable ressources naturelles. Le plus grand défi pour nos pays demeure donc celui de la disponibilité du capital humain. Fleuron du renforcement des capacités, le CAMPC aura un rôle de premier plan à jouer dans la création et la préservation de ce capital humain. C’est en effet au CAMPC et nulle part ailleurs que se joue le destin de nos États en matière de formation.