Des signatures à tour de bras. À peine intronisé, le président américain Donald Trump a paraphé lundi 20 janvier un décret visant à retirer les États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un organisme qu'il avait par le passé vivement critiqué pour sa gestion de la pandémie de COVID-19.
"L'OMS nous a escroqués", a accusé le républicain en signant ce décret, quelques heures seulement après avoir été investi, justifiant ce retrait par l'écart des contributions financières américaines et chinoises. "Nous avons versé 500 millions de dollars à l'Organisation mondiale de la santé lorsque j'étais ici et j'y ai mis fin. Ils voulaient tellement que nous revenions. Nous verrons ce qui se passera", a déclaré M. Trump. "C'est assez triste, cependant, pensez-y. La Chine paie 39 millions et nous 500 millions, et la Chine est un pays plus grand".
Cette situation arrive surtout dans un contexte déjà préoccupant. Le 16 janvier 2025, l’OMS a lancé un appel d’urgence pour la santé, demandant 1,5 milliard de dollars pour répondre à des crises sanitaires mondiales « sans précédent ». Selon l’organisation, 305 millions de personnes auront un besoin urgent d’aide humanitaire en 2025, en raison des conflits, du changement climatique, des épidémies et des déplacements de populations. Cet appel vise à soutenir des interventions vitales dans 42 urgences sanitaires en cours, dont 17 sont classées au niveau 3, le plus élevé en matière de gravité.
En Afrique par exemple, l’OMS intervient notamment dans le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles, la gestion des urgences sanitaires, la santé maternelle et infantile, la nutrition et la sécurité alimentaire.
L’appui de l’organisation a notamment été d’une grande aide dans les efforts des pays africains à faire face à la pandémie de la COVID-19. Les efforts coordonnés des Etats et de l’OMS ont permis de structurer une riposte efficace, particulièrement avec le programme COVAX, pour la distribution de vaccins. Cet épisode a notamment mis en évidence l’importance des partenariats mondiaux pour soutenir les systèmes sanitaires et la gestion des pandémies en Afrique.
"Les problèmes sanitaires sont pour l’Afrique une source de difficultés considérables. Malgré les progrès récents, la mortalité infantile et maternelle reste élevée dans de nombreux pays africains. L’Afrique, qui ne représente que 15% de la population mondiale, compte 50% des décès dus à des maladies transmissibles dans le monde. Les mauvais résultats en matière de santé reflètent le manque d’accès à des services de santé de qualité: un tiers des Africains vivent à plus de deux heures de route de services de santé, et de graves pénuries existent en termes de lits d’hôpital, d’équipements médicaux et de médicaments. Les coûts économiques des défis sanitaires sont lourds. Selon les estimations, les problèmes de santé feraient perdre à l’Afrique quelque 2400 milliards d’USD de production chaque année", indique la Banque Africaine de Developpement (BAD).
De plus, si le retrait des Etats-Unis de l’OMS soulève des questionnements sur la capacité de l’OMS à répondre aux futures crises sanitaires, elle crée également des incertitudes sur les efforts de surveillance épidémiologique.
Le retrait aurait une première conséquence tangible sur la santé publique mondiale. Les États-Unis ont contribué, en 2022 et 2023, pour environ un cinquième du budget de 6,8 milliards$ de l’OMS.
Dans un long message publié sur X, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'agence, a dit "regretter" le retrait américain. "Avec la participation des États-Unis et d’autres États membres, l’OMS a mis en œuvre au cours des sept dernières années la plus grande série de réformes de son histoire", ajoute-t-il.