La Zambie a involontairement transféré 80 millions de dollars à la Chine via sa compagnie d’électricité publique Zesco, alors que le pays est encore engagé dans un processus complexe de restructuration de sa dette, a révélé Felix Nkulukusa, secrétaire au Trésor.

Le transfert erroné provient d’un compte sécurisé où étaient déposés les revenus de la vente d’électricité générés par une centrale électrique construite et financée par des entreprises chinoises. « Malheureusement », environ 80 millions de dollars ont été transférés depuis ce compte, a indiqué Nkulukusa lors d’une interview donnée à Lusaka, qualifiant cet incident de contretemps regrettable dans un contexte déjà tendu.

La Zambie, qui a été le premier pays africain à faire défaut sur sa dette pendant la pandémie de Covid-19 en 2020, a signé en octobre 2023 un protocole d’accord avec son comité officiel des créanciers, coprésidé par la Chine et la France. Cependant, aucun accord final n’a encore été conclu avec Pékin. Ce retard empêche la reprise des paiements normaux de la dette, et ce transfert imprévu complique davantage la situation.

Pour rectifier cette erreur, le gouvernement zambien a proposé que le montant transféré soit imputé comme une avance sur les intérêts accumulés sur sa dette envers la Chine depuis 2023. « C’est la discussion en cours avec nos partenaires chinois », a déclaré M. Nkulukusa. « Nous cherchons activement une solution pour régulariser cette situation. »

Ce transfert par inadvertance intervient dans un contexte économique difficile pour la Zambie. L’impact de la crise économique liée à la restructuration de la dette se fait encore sentir, avec des tensions sociales exacerbées par une inflation élevée et une croissance économique ralentie. Le pays reste sous la surveillance attentive de ses créanciers, y compris le Fonds monétaire international (FMI). 

La Chine, qui est le principal créancier bilatéral de la Zambie, n’a pas encore commenté l’incident. Toutefois, des observateurs craignent que cette erreur ne complique encore davantage les discussions sur la restructuration d’une dette extérieure estimée à plus de 13 milliards de dollars. Si Pékin accepte la proposition de Lusaka, ce sera un signal de coopération. Dans le cas contraire, les négociations pourraient se durcir et repousser encore un accord vital pour l’économie zambienne.

agenceecofin