Cette initiative, première en son genre, se veut une réponse à un problème souvent passé sous silence : les violences spécifiques auxquelles les femmes en situation de handicap sont confrontées.

La directrice de publication d’AfrikElles, Eugénie GADEDJISSO TOSSOU, a souligné que les femmes handicapées sont deux à trois fois plus exposées aux violences que les autres femmes, selon des données de l’ONU. Ces violences, perpétrées par des proches, des partenaires intimes ou des institutions, s’enracinent dans des préjugés profondément ancrés dans les sociétés. Malgré cette réalité, les statistiques documentées sur le phénomène restent rares, freinant les actions ciblées.

Elle a appelé à une mobilisation collective pour répondre à cette urgence, citant l’Organisation Mondiale de la Santé qui, en mars 2024, exhortait les pays à renforcer la recherche et les politiques publiques pour mieux prendre en compte les besoins des femmes handicapées.

La campagne d’AfrikElles a pour objectif général de prévenir les violences et de sensibiliser à leur impact sur les femmes handicapées. Elle repose sur plusieurs axes spécifiques :

- Identifier et dénoncer les types de violences subies ;

- Faire connaître les dispositifs juridiques existants pour leur protection ;

- Encourager les victimes à briser le silence ;

- Mettre en place des structures de référence pour recueillir et traiter les plaintes.

- À travers des contenus médiatiques et hors médias, AfrikElles espère briser le mur du silence et inciter chaque acteur à jouer un rôle dans cette lutte collective.

Cette première édition de la campagne bénéficie du soutien du gouvernement togolais, représenté par le Ministère de l’Action sociale, de la Solidarité et de la Promotion de la femme, et du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Des organisations locales telles que le CACIT, la FETAPH, l’Association Together, TCHOWOURE, WILAT Togo et FIFHEP se sont également jointes à l’initiative.

« La lutte contre les violences faites aux femmes handicapées est une responsabilité collective. Chaque citoyen, chaque communauté, chaque institution est appelée à jouer son rôle », a déclaré Mme Eugénie GADEDJISSO TOSSOU.

Consciente de l’ampleur des défis, AfrikElles ambitionne de transformer les 16 jours d’activisme en un engagement permanent de 365 jours par an. « Nous espérons que cette campagne marque un tournant et qu’elle soit un levier pour changer les conditions de vie des femmes handicapées au Togo », a conclu la DP, invitant à une mobilisation plus forte pour la deuxième édition prévue l’année prochaine.

À travers cette campagne, AfrikElles rappelle que la lutte contre les violences faites aux femmes handicapées est non seulement un impératif moral, mais aussi un devoir sociétal pour construire une société inclusive et juste.

Jean-Marc EDRON