"Mets incontournable de la richesse culinaire ivoirienne, et profondément enraciné dans le quotidien des communautés, l'attiéké est consommé tous les jours et à diverses cérémonies tels que les mariages, les baptêmes, les funérailles et les réunions communautaires. Ces savoir-faire reposent sur des gestes précis et des techniques traditionnelles qui ont traversé des siècles. Les communautés se transmettent "cette pratique culturelle de génération en génération", principalement "de mère en fille", et en ont fait "un pilier de leur identité et au-delà, de celle de toute la Côte d'Ivoire ", a expliqué Ramata Ly-Bakayoko, déléguée permanente de la Côte d'Ivoire.
L'attiéké, semoule de manioc légèrement aigre qui accompagne les poissons et les viandes en sauce, est un pilier de l'alimentation quotidienne en Côte d'Ivoire et dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest. Elle est préparée à base de tubercules de manioc séchés, broyés et tamisés. La farine ainsi obtenue est mélangée à du manioc fermenté et enfin cuite à la vapeur.
Au fil du temps, elle est devenue un marqueur de la culture ivoirienne et un élément de fierté qui s'exporte à travers le continent.
"Les peuples lagunaires du sud de la Côte d'Ivoire, sont les détenteurs et praticiens des savoir-faire liés à la fabrication de l'attiéké. Cette pratique s'est depuis répandue aux autres communautés aussi bien ivoiriennes qu'étrangères vivant sur le territoire national et bien au-delà de la Côte d'Ivoire, notamment au Burkina Faso, au Togo, au Bénin, en République démocratique du Congo, en Chine", explique en outre le dossier de candidature déposé par la Côte d'Ivoire.
En 2023, l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a enregistré l"attiéké des lagunes" en indication géographique protégée (IGP) puis mi-2024, labellisé en "marque collective", empêchant les semoules de manioc produites dans d'autres pays d'être commercialisées sous le nom d'"attiéké".
La maîtrise de la fabrication de l’attiéké garantit l’autonomie financière et l’intégration sociale des femmes et jeunes filles. Partie intégrante de l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire, sa production confère aux jeunes filles un statut social important.
À quelques kilomètres de là, dans le quartier d’Abobo Akeikoi, l’entreprise Cotravi expédie chaque année une quarantaine de tonnes d’attiéké déshydraté vers l’Europe et les États-Unis. Son gérant, Tapé Clément, voit dans cette reconnaissance internationale une opportunité pour structurer davantage la filière : « Il faut d’abord tracer l’attiéké et lui donner une spécification. Avec la forte demande en Europe, l’État doit nous aider à établir des contacts avec des distributeurs européens, notamment à travers des foires », lit-on sur RFI.
En plus de son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, l’attiéké bénéficie également du statut de « marque collective ». Concrètement, seule la semoule de manioc fermentée produite en Côte d’Ivoire peut être commercialisée sous le nom d’« attiéké ».