Une victoire « écrasante » pour le parti au pouvoir, qui prend désormais le contrôle des appareils exécutif et législatif avec plus de 78% des sièges obtenus.
Avec un taux de participation avoisinant les 50%, ce scrutin confirme la nouvelle carte politique redessinée par la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle. Malgré la candidature de l’ancien président Macky Sall, la coalition de l’opposition Takku Wallu n’a obtenu que 16 sièges.
Pour les analystes, ce triomphe du PASTEF traduit le rejet d’une classe politique jugée vieillissante et le désir des jeunes de voir émerger une gestion plus inclusive et transparente. Il donne également au président Diomaye Faye et à son Premier ministre, Ousmane Sonko, la liberté de mettre en œuvre la politique de « rupture » promise durant la campagne.
Arrivé au pouvoir en avril 2024, Diomaye Faye s’est engagé à des réformes profondes. Cependant, il a dû faire face à des tensions avec le Parlement, jusqu’alors dominé par les alliés de Macky Sall. Face à cette impasse, le président a dissous l’Assemblée et convoqué ces législatives anticipées.
« Il y a beaucoup d’espoir et surtout d’attentes de la part des populations en termes d’actions concrètes que le nouveau régime est censé poser pour redresser le pays, surtout avec les nombreux scandales financiers et fonciers présumés dont on parle actuellement », analyse Azil Momar Lô, journaliste fact-checker à Africa Check. « Le PASTEF a toujours promis d’avoir un mode de fonctionnement nouveau au Parlement, débarrassé de toutes les tares qu’on a pu voir avec les précédents régimes […] Maintenant qu’ils ont la majorité, on s’attend à ce qu’ils concrétisent tout ce qu’ils ont toujours dit », ajoute-t-il.
Le PASTEF devra donc relever de nombreux défis. Sur le plan économique, la gestion du scandale de la dette « cachée », révélé par un audit gouvernemental, sera scrutée de près. Les nouvelles autorités ont promis de traduire en justice les responsables des malversations financières de l’ancien régime.
« On parle beaucoup de la haute cour de justice qui va être activée pour enfin concrétiser la reddition des comptes, parce que beaucoup s’attendent à ce que des dignitaires de l’ancien régime, qui bénéficiaient de privilèges juridictionnels, soient convoqués. On s’attend à ce que le nouveau Parlement vote des lois en ce sens », précise Azil Lô.
Outre la reddition des comptes, d’autres dossiers pressants attendent les nouvelles autorités : la lutte contre le coût de la vie, la création d’emplois, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption. En octobre, le gouvernement a présenté son plan quinquennal (2025-2029), estimé à 31 milliards de dollars, axé sur la compétitivité économique, le capital humain, l’équité sociale, le développement durable et la bonne gouvernance.
A court terme, cependant, l’attention sera portée sur l’adoption du budget 2025. Dans un contexte où les décaissements du FMI sont suspendus, les partenaires financiers surveilleront de près la stratégie de gestion de la dette adoptée par le Sénégal.
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