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Rapport "Scientifiques et académiques Taylor & Francis Group", en Afrique subsaharienne, 22% des médicaments sont contrefaits

août 20, 2024 0 156

En Afrique subsaharienne, selon un rapport publié en juillet 2024 par l’éditeur britannique de revues scientifiques et académiques Taylor & Francis Group, environ 22% des médicaments vendus sont de qualité inférieure ou falsifiés.

Intitulé « Prevalence of substandard, falsified, unlicensed and unregistered medicine and its associated factors in Africa : A systematic review », ce rapport a été élaboré par des chercheurs de l’Université de Bahir Dar qui ont analysé et compilé 27 études menées sur ce thème à l’échelle nationale dans plusieurs pays de la région entre avril 2014 et mars 2024.

"L'Afrique souffre d'un niveau inférieur de santé publique et d'effets socio-économiques en raison de la prévalence plus élevée d'antibiotiques, d'antipaludéens, d'antihelminthiques et d'antiprototiques de qualité inférieure, falsifiés et non homologués. Leurs travaux ont montré que sur les 7508 échantillons de médicaments couverts, 1639 avaient échoué à au moins un test de qualité et s'étaient avérés inférieurs aux normes ou falsifiés. La prévalence la plus faible des médicaments de qualité inférieure ou falsifiés a été rapportée au Gabon (0,5 %), tandis que la prévalence la plus élevée a été rapportée au Malawi (88,4 %), suivi du Ghana et du Togo (75%)", lit-on sur agenceecofin.

Le rapport révèle par ailleurs que les antibiotiques, les antipaludéens, les anthelminthiques et les antiprotozoaires sont les médicaments de qualité inférieure et falsifiés les plus fréquemment signalés.

La forte prévalence de ce genre de médicaments au Sud du Sahara s’explique essentiellement par la faible régulation du marché de la distribution des produits médicaux, le développement du libre-échange, l'enregistrement insuffisant, la forte demande et les normes d'importation médiocres.

Responsable de la recherche à Access to Medicine Foundation, un organisme à but non lucratif basé à Amsterdam, Claudia Martínez, a qualifié ces résultats de problème majeur de santé publique.

« Si les patients reçoivent des médicaments de qualité inférieure ou carrément falsifiés, cela peut entraîner l'échec de leur traitement, voire des décès qui auraient pu être évités », a-t-elle déclaré.

Selon des données publiées en 2023 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le coût humain des médicaments falsifiés et de qualité inférieure s'élèverait à 500 000 décès par an en Afrique subsaharienne.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit les médicaments falsifiés comme ceux dont l'identité, la composition ou la source est représentée de façon trompeuse, que ce soit délibérément ou frauduleusement.

Les médicaments de qualité inférieure présentent, quant à eux, des défauts comme le sous-dosage, le surdosage ou encore l'instabilité de la substance active.

La Chine et l'Inde semblent être, en effet, les principaux pourvoyeurs des médicaments "falsifiés" dont la proportion par rapport aux remèdes homologués en Afrique s'élèverait par endroits à 60%.

Malgré les efforts récents, les saisies montrent que "le phénomène reste important" et implique "des réseaux criminels très organisés", selon le Dr Innocent Koundé Kpéto, ancien président de l'Ordre national des pharmaciens du Togo. Faute de législation spécifique, le trafic de faux médicaments est souvent considéré comme un simple délit de contrefaçon et les peines atteignent quelques mois d'emprisonnement tout au plus.

Le Togo fait d'ailleurs figure de pionnier après avoir endurci son code pénal dès 2015. La peine encourue par les trafiquants y est désormais de 20 ans de prison et de 50 millions de francs CFA d'amende (76 200 d'euros).

Last modified on mardi, 20 août 2024 13:12

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