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Les crises multiples mondiales enfoncent l’Afrique dans l’extrême pauvreté

mars 15, 2023 0 889

 

Le développement de l’Afrique pourrait être compromis si rien n’est fait pour éviter les conséquences désastreuses des crises multiples (Covid-19, la crise Russo-Ukrainienne) auxquelles le continent est confronté.

A l’ouverture de la quarante et unième (41) réunion du Comité d'experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique organisée par la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) à Addis-Abeba (Ethiopie) le 15 mars 2023, il ressort que l’incidence de la pauvreté connait une proportion très élevée entre 2021-2022 sur le continent.

Selon la CEA, le continent abrite plus de la moitié des pauvres de la planète (54,8 % en 2022), dépassant l'Asie du Sud (37,6 %). À la suite de l'épidémie de COVID-19, 62 millions de personnes ont basculé dans la pauvreté en l'espace d'un an seulement, et l'on estime que 18 millions de personnes supplémentaires auront rejoint leurs rangs d'ici à la fin de 2022. Pas moins de 149 millions de non-pauvres soit environ 10 % de la population africaine restent exposés à un risque élevé de tomber dans la pauvreté. Au total, 695 millions de personnes en Afrique sont pauvres ou risquent de le devenir. Cela représente 50 % de la population du continent.

« L'Afrique est actuellement la première région du monde en termes de pauvreté. Les femmes et les jeunes filles restent particulièrement vulnérables, et nous sommes confrontés à une inversion potentielle des gains durement acquis en matière d'égalité des sexes. L'Afrique ne peut pas se contenter de maintenir le cap et d'espérer que les choses s'améliorent. Elle doit prendre les devants », a indiqué M. Antonio Pedro, Secrétaire Exécutif par intérim de la CEA.

Les Etats africains doivent prendre des mesures et précautions permanentes pour s’adapter et traverser ces crises mondiales qui frappent l’économie du continent.

Le thème de la conférence, "Favoriser la reprise et la transformation en Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités", reflète la persistance, l'aggravation et l'approfondissement des crises multiples auxquelles l'Afrique est confrontée et qui continuent de perpétuer et d'exacerber les niveaux de pauvreté et d'inégalité qui étaient déjà importants avant ces récents chocs mondiaux.

Le continent est particulièrement bien placé pour être au centre de toutes les transitions mondiales.

Pour réaliser les ambitions de l'Agenda 2030 et de l'Agenda 2063, il est important de construire des systèmes résilients et durables, d’exploiter le potentiel du continent, d’assurer les investissements nécessaires pour constituer durablement un capital en actifs critiques notamment humains, infrastructurels et naturels.

« Pour accélérer la mise en œuvre de ces deux agendas cruciaux, les gouvernements doivent concevoir des stratégies qui intègrent simultanément des objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Les opportunités existent, premièrement, nous devons financer notre développement. La mise en place de fondamentaux macroéconomiques corrects peut libérer le potentiel des solutions locales. Les bonnes actions de politique intérieure peuvent nous faire passer d'un ratio recettes fiscales/PIB inférieur à 17 % à des niveaux actuellement observés dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes (21,9 %). Toutefois, cela ne doit pas nous empêcher de lancer un appel à la mobilisation en faveur d'une architecture financière mondiale plus équitable et plus juste, qui réponde aux besoins des plus vulnérables », a souligné Secrétaire Exécutif par intérim de la CEA.

Les experts africains ont également suggéré une autre opportunité qui est la poursuite agressive de l'industrialisation durable et de la diversification économique pour transformer les ressources naturelles de l'Afrique en avantages tangibles pour ses habitants, la chaîne de valeur des batteries et de l'électricité.

Les pays africains sont invités aussi à s’investir dans la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui peut tenir ses promesses et fournir les économies d'échelle nécessaires pour investir dans l'industrie manufacturière, ce qui entraînera une augmentation des échanges intra-africains de 17% à 35% d’ici 2045.

L’Afrique doit par contre occuper le devant de la scène en matière d'action climatique car les pays disposent d'opportunités significatives pour rééquilibrer la balance en matière de financement de la lutte contre le changement climatique.

« Si nous tirons parti de nos forêts tropicales et développons nos marchés du carbone, nous pourrions dégager une valeur estimée à 82 milliards de dollars par an, à raison de 120 dollars par tonne de CO2 séquestrée, et créer 167 millions d'emplois supplémentaires. Ce montant dépasse les promesses non tenues de 100 milliards de dollars pour l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets », a déclaré Nemera Gebeyehu Mamo, ministre d'État pour la planification et le développement du gouvernement de la République fédérale démocratique d'Éthiopie.

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Last modified on mercredi, 15 mars 2023 13:34
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