La Commission Economique pour l’Afrique (CEA) qui organise le 9è Forum Régional Africain pour le Développement Durable (FRADD 9) à Niamey (Niger) du 28 février au 02 mars s’est planchée sur la thématique.

« L’eau est essentielle à l’humanité. L'eau c'est la vie, l'eau c'est le développement, l'eau c'est la paix. Chaque pays doit faire des efforts pour la mettre à disposition des populations. Beaucoup de pays font des efforts dans la couverture en eau et assainissement mais le taux est encore faible pour atteindre la couverture universelle des ODD d'ici 2030. Les services d’hygiène de base (manque d’eau potable, lavage des mains, la pratique encore la défécation à l'air libre) aussi sont très faibles. Dans les zones urbaines, 2 personnes sur 5 manquent d'eau potable et 2 personnes sur 3 manquent d'assainissement. Dans les zones rurales, 4 personnes sur 5 manquent d'eau potable et 3 personnes sur 4 manquent d'assainissement. Nous avons besoin de services d'eau, d'assainissement et d'hygiène sensibles aux risques climatiques et résilients pour les communautés. A cette allure, il faut agir vite », a indiqué M. Antonio Pedro, le Secrétaire Exécutif intérimaire de la Commission Économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

L’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) sur l'eau, l'assainissement et l'hygiène en Afrique va nécessiter une accélération spectaculaire des taux de progrès actuels.

Selon le rapport de l’UNICEF/OMS, l’atteinte des cibles des ODD en Afrique nécessitera une multiplication par 12 des taux de progrès actuels en matière d'eau potable gérée en toute sécurité, une multiplication par 20 pour l'assainissement géré en toute sécurité et une multiplication par 42 des services d'hygiène de base.

L''ONU estime que les pertes économiques au niveau mondial dues à des services d''eau, d'assainissement et d''hygiène insuffisants s''élèvent chaque année à 260 milliards de dollars. La région Afrique de l''Ouest et du Centre, celle où l''accès est le plus mauvais, supporte une part considérable de ce fardeau financier.

Ce tableau noir appelle à une action urgente sur un continent où la pénurie d'eau et la faiblesse des services d'assainissement et d'hygiène peuvent menacer la paix et le développement.

« Il faut aller à des efforts combinés dans les sciences et innovations dans la maitrise de l’eau. L’agriculture est le secteur qui utilise une quantité considérable de l’eau sur le continent. On peut innover pour que le secteur soit moins dépendant d’eau. Nous travaillons avec les pays de Moyen-Orient qui ont déjà une grande expérience dans le domaine. La facilitation et une meilleure collaboration sur la maitrise de l’eau avec les pays africains sont en cours d’étude. Bientôt, des spécialistes africains pourront aller faire des échanges d’expériences dans ces pays. L’autre solution serait d’œuvrer à la réalisation de divers projets uniques dans les domaines de l'énergie renouvelable et de l'eau; créer des pôles industriels pour la maitrise de l’eau. Ce sujet fera l’objet des grands débats à New York, en mars 2023 au Forum mondial de l’eau », a expliqué Antonio Pédro aux professionnels des médias.

D’après l’ONU, entre 2000 et 2020, la population de l'Afrique est passée de 800 millions à 1,3 milliard de personnes. Au cours de cette période, 500 millions de personnes ont eu accès à l'eau potable et 290 millions à des services d'assainissement. Dans le même temps, près de 420 millions d’Africains manquent encore d'un service d'eau potable de base aujourd’hui, soit 1 habitant sur 3 et 780 millions de services d'assainissement, soit plus d’1 sur 2. Ce qui provoque aussi en Afrique subsaharienne, la mort de 500 enfants de moins de 5 ans par jour à cause de maladies diarrhéiques liées au manque d'eau et d'hygiène.

Le financement du secteur WASH est inégal et insuffisant. Aucun pays d''Afrique n'a alloué plus de 0,5% de son PIB au secteur de l''eau, assainissement et hygiène (WASH).